Révolution

Il aurait préféré ne pas voir ce nom, ne pas l'enregistrer dans sa mémoire, mais trop tard, ce nom s'était incrusté en lui comme un objet dans la glaise. Il marmonna des excuses incompréhensibles. Vivianne le regarda interloquée et tandis qu'il s'éloignait, elle lui lança un simple merci aurait suffi.
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Roman - Policier

Révolution

Politique - Historique - Révolution MAJ mardi 03 novembre 2020

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 24,9 €

Christopher John Sansom
Tomland - 2018
Traduit du par Georges-Michel Sarotte
Paris : Belfond, novembre 2020
1104 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-7144-8200-6

De l'art du roman policier historique

En 1549, en Angleterre, le roi Henri VIII est mort et ce sont des régents qui gouvernent, tandis que les deux prétendantes possibles, Mary et Elizabeth, rongent leur frein dans leurs manoirs. Toutefois, c'est une femme qui vient déranger la future reine d'Angleterre qui va déclencher l'histoire que nous avons sous les yeux. Elle a eu quelques temps avant une rencontre avec une autre femme, liée par mariage à un membre éloigné de sa famille. Or cette femme vient d'être retrouvée morte après avoir disparu pendant sept ans. Les circonstances de sa mort sont particulièrement horribles. Le gros problème, c'est que le mari s'est remarié avec une servante et que par simple ricochet il devient le principal suspect. Et cela risque de poser problème à la future reine car même éloigné, le coupable porte le même nom de famille qu'elle. Elle charge donc son avocat, qui a également par le passé travaillé comme policier, un homme vieillissant et bossu, d'aller au fin fond de la province anglaise pour enquêter et sauver si c'est possible cet homme qui fait un bien joli coupable. L'enquêteur va donc se trouver confronté à des puissances locales qui s'opposent, à des propriétaires qui s'appuient sur des alliances avec des puissants nobles pour s'enrichir. Comme le pouvoir central est incarné par un régent un peu mou et empêtré dans une guerre avec l'Écosse, et que nous sommes dans une période où les récoltes risquent d'être mauvaises, une révolte paysanne éclate et pourrait submerger le pays. Notre enquêteur se retrouve coincé au milieu d'une révolte, pris entre différents clans, alors que chacun essaie de l'attirer dans son camp, et que les coupables pourraient se servir des troubles pour provoquer sa ruine (et par contrecoup celle de la future reine).
Le roman en soi fait mille pages, et est suivi d'un essai historique de quatre-vingts autres pages pour évoquer le contexte dans lequel il s'inscrit. Cela n'enlève rien au charme de l'ouvrage de Christopher John Sansom qui réussit à maintenir la tension entre événements privés, développements historiques et récit policier (maême si c'est là sans doute la partie la moins importante de l'aventure). L'ensemble des niveaux se répond avec intelligence et force, sans faute de goût, ni anachronismes. Le roman n'est jamais un roman historique prenant comme prétexte une intrigue policière, ni un récit policier s'inscrivant dans une période historique, un roman d'aventure ou d'amour s'installant dans une période ancienne, pour lui donner un autre relief mais un juste équilibre entre les trois éléments. Tout ça fait de Révolution, en plus d'être un regard intelligible sur une période historique complexe et peu "racontée" en France (et visiblement aussi en Angleterre) un roman captivant, une belle réussite (à l'instar d'une série qui n'a jamais démérité et d'un auteur qui a également écrit une uchronie remarquée sur une Angleterre vaincue par les Nazis). Un ouvrage qui peut se trouver dans n'importe quelle bibliothèque et qui mérite d'être ouvert.

Citation

Je lâchai une pièce dans le bonnet d'un autre mendiant qui tremblait, appuyé contre un mur. Il lui manquait une jambe, perdue sans doute à la guerre. Le protecteur se vantait haut et fort d'être un ami des pauvres et attribuait les problèmes économiques à la clôture illégale par les seigneurs des campagnes et à l'éviction des tenanciers de leurs terrains pour y faire paître des moutons, ce qui rapportait davantage.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 03 novembre 2020
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