Pleine balle

Le mal que l'on t'a fait, tu peux le pardonner. Mais le mal que tu as fait, qui pour le pardonner ? Alors j'éprouve ce moment d'extrême lucidité, de solitude, de brûlure. Désormais je ressemble à mon père. Mon exil, ma rage m'ont emporté trop loin.
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jeudi 28 mars

Contenu

Roman - Policier

Pleine balle

Gang - Procédure - Cavale MAJ lundi 15 mars 2021

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 13 €

James Holin
Saint-Étienne : Le Caïman, février 2021
262 p. ; 19 x 12 cm
ISBN 978-2-919066-87-2
Coll. "Polars", 32

Achab à Creil

Qui est le Blond ? C'est pas compliqué, c'est un prince manouche, coupable depuis des années de multiples crimes et vols, spécialiste des virées en voiture où l'on fait exploser des distributeurs de billets, pille des magasins et commet bien d'autres méfaits. Certains disent qu'il a pris sa retraite, riche et célébré par sa communauté. D'autres qu'il n'est qu'en sommeil attendant de nouveaux comparses pour revenir hanter les territoires français. En tout cas, tout le monde a oublié le Blond. Tout le monde ? Non, comme chez Astérix, un homme veille et attend. C'est Camerone, un policier à la carrière exemplaire, qui aurait pu se la couler douce avec un poste sur mesure dans le Sud. Mais il a un vieux compte à régler avec le Blond. D'une part, ce dernier aurait tué son père et liquidé un coéquipier lors d'une poursuite infernale mais d'autre part, la rumeur court qu'il serait à l'origine de la prothèse qui a remplacé la main droite du policier. Lors d'une rixe, il lui aurait en effet découpé cette main... Camerone est assisté par une équipe composé de personnages disparates : un adjoint qui attend sa retraite, un jeune policier amoureux d'une collègue, un peu volage, une jeune femme amoureuse de son chef et un autre policier peu doué par les taches administratives. Une équipe qu'il a réussi à souder et qui est souvent prête à le suivre. Un soir, il découvre que le Blond a repris ses activités et prépare, avec deux jeunes complices, une série de vols acrobatiques. Ils ont volé une voiture que le policier parvient à retrouver et ce dernier pose une balise. Quand la balise s'agite, les policiers vont intervenir...
Le roman de James Holin se compose donc d'une première partie, plus courte, autour de ce policier, obnubilé par son ennemi intime et ses relations tendues avec le reste du monde. Puis, très rapidement, nous allons assister à la course-poursuite entre les voleurs et les deux voitures dans lesquelles les policiers les suivent, entre fatigue et excitation du boulot. Une nuit qui va virer au cauchemar. Il y a une grosse dizaine d'années, les éditions Calmann-Lévy avaient proposé à travers la collection "Interstices", l'idée de réécrire les classiques de la littérature en les adaptant. Ça avait donné une nouvelle et intéressante version de L'Île au trésor par Pierre Pelot mais l'idée n'avait pas donné beaucoup d'autres titres  le même concept avait été décliné chez Belfond avec "Remake" (lire par exemple Des petites filles modèles... de Romain Slocombe). On pourrait se poser la question de savoir si James Holin, dans ce nouveau roman, dense et tendu, n'a pas essayé de nous proposer une version décalée et polar de Moby Dick avec ce mystérieux gangster, dangereux et omniscient, qui hante les rues et les bois de l'Oise, près à des coups fumants, et n'hésitant pas à régler son compte aux policiers. Camerone est renfrogné, concentré sur son objectif, délaissant amis et compagnes, se moquant même de la légalité pour réussir à concrétiser son obsession. Une obsession mortifère pour lui et ses collègues, et dangereuse pour tous ceux qui pourraient croiser sa route. Le roman restitue avec force détails, cette équipée folle et violente, cette dérive fonçant contre le mur à grande vitesse, dévastant tout sur son passage. Le tout avec un sens du récit et du suspense, qui maintient jusqu'au dernières lignes (désabusées et fortes) le suspense et la "folie" des personnages qui le traversent. On monte dans la voiture et on se trouve comme installés dans une auto-tamponneuse (avec l'impression d'être dans une machine à laver en plein essorage) qui ne freinera qu'aux dernières lignes.

Citation

Camerone ne les aimait pas ces techniciens. Des pinailleurs qui, avec leurs protocoles à la con, faisaient perdre du temps. De plus, dans le cas précis, ça ne servait pas à grand-chose. Allez trouver des empreintes digitales ou de l'ADN dans cet amas de cendres.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 15 mars 2021
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