Les Petits vieux n'ont pas dit leur dernier mot

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Roman - Noir

Les Petits vieux n'ont pas dit leur dernier mot

Social - Huis-clos - Assassinat MAJ lundi 09 août 2021

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 17,5 €

Jean-Louis Serrano
Montesson : City, juin 2021
270 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-8246-1887-6
Coll. "Romans"

Série grise

Bienvenue aux Pinsons, un de ces mouroirs tranquilles et aseptisés où l'on parque les "personnes âgées" en attendant d'en être débarrassé. Et à quatre-vingt-dix ans, Pierre aurait bien mérité d'y vivre tranquille, à ressasser son enfance avec son ami Adrien, évoquant leurs promenades à vélo et leurs baignades interminables. Il y a aussi le souvenir de la guerre, de ceux qui n'en sont jamais revenu et du frère de Pierre, parti à sa place au STO et dont la famille n'a plus jamais eu de nouvelles. Les Pinsons ne serait pas le pire de ces établissements où les sévices sont ceux de l'âge, et Pierre n'a déjà plus toute sa tête, s'il n'y avait ce tyran domestique qu'est Maria l'infirmière, véritable dragon dépourvu de cœur régnant par la terreur. Aussi, lorsqu'elle fait une chute mortelle dans les escaliers, personne ne la pleure, au contraire. Mais quelqu'un la détestait-il assez pour la pousser ? Ou plutôt : TOUS ne la détestaient-ils assez pour vouloir qu'elle cesse d'empoisonner leurs derniers moments en ce monde ? Mais un second meurtre vient compliquer la donne, d'autant que Maria n'était peut-être pas la virago qu'on croyait...
Encore une œuvre qui se situe dans cette zone grise entre le noir et la blanche, où l'argument policier assez léger (ce n'est pas un reproche) n'est là que pour soutenir une étude de personnages. Mais appeler ça une comédie, comme le fait le quatrième de couverture ? Il faut avoir une drôle de définition de l'humour, ou se contenter d'une fiche de lecture. Non, l'auteur excelle surtout à décrire sans pathos, mais avec un très beau style ces mouroirs destinés à ceux qui ne peuvent plus vivre et n'en ont parfois même plus la volonté, où la double trahison du temps qui passe et de la mémoire défaillante fait se mêler les époques. Pour filer la métaphore cinéphilique, on est plus proche de l'excellent Youth de Paolo Sorrentino que chez les Vieux de la vieille. Et si tout ceci se lit plus qu'agréablement, c'est quand même avec un certain malaise : puisque tel est notre sort à tous, que ferons-nous lorsque viendra cette inéluctable heure d'hiver ? Un roman qui appuie là où ça fait mal, ce qui est somme toute un des buts de la littérature, avec l'élégance de ne pas trop insister ni d'étirer son propos. Jean-Louis Serrano a frappé bien juste...

Citation

Certains jours, on aimerait réveiller tous les cancers du monde pour franchir avec eux l'issue de secours, dans la clarté radieuse d'un bloc opératoire.

Rédacteur: Thomas Bauduret lundi 09 août 2021
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