Les Noyés du Clain

En enfonçant le casque de motard sur ma tête, je me suis demandé comment Oscar se sentait sous le sien. Il a plein de peurs parce qu'il connait trop de choses qui peuvent mal se passer dans le monde. Je suppose que la visière de son casque rétrécit simplement la portion qu'il en voit. Et la rend moins dangereuse.
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jeudi 28 mars

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Roman - Policier

Les Noyés du Clain

Tueur en série - Drogue - Faits divers MAJ mardi 17 août 2021

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Thibaut Solano
Paris : Robert Laffont, avril 2021
408 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-221-20207-4
Coll. "La Bête noire"

Noyer n'est pas jouer

Simon Magny ne se destinait pas au journalisme : lorsqu'il entre à la fac de Poitiers section "Cinéma", il rêve de tourner des films d'horreur comme ceux qu'il loue à la pelle au DVD-club du coin. Mais il devient vite évident qu'il lui faut un travail, ne serait-ce que pour contenir la déprime... C'est en répondant à une petite annonce que l'apprenti-Tobe Hooper finit à L'Écho, le journal local. Un jour, des étudiants amènent une petite annonce : Vincent Levin, un ami étudiant à eux, a disparu, et ils souhaitent avoir de ses nouvelles. Il est retrouvé plus tard noyé dans le Clain, la rivière qui traverse la ville. La police conclut au suicide, mais en ce cas, pourquoi sa chevalière a-t-elle disparu ? De plus, le profil du mort ne correspond guère à un suicidaire. Par recoupement, Simon Magny fait le lien avec trois autres noyades, toutes autour du Clain. Chez les étudiants circule la légende urbaine de Jack le Pousseur, qui enverrait les malheureux au fond des eaux... Mais Simon Magny se fait licencier et doit partir chercher fortune ailleurs. C'est dix ans plus tard au hasard d'un autre plan social, qu'il se retrouve à nouveau à Poitiers. L'affaire rebondit lorsque la chevalière de Levin est retrouvée au doigt d'un SDF arrêté après un cambriolage. Simon va se remettre en quête de l'ogre qui hantait le monde interlope de la nuit poitevine. Et dont il apparaît vite qu'il n'opérait pas seul...
On passera sur le désormais indispensable "D'après une histoire vraie" qui semble donner une étrange caution aux livres (le fameux syndrome Shakespeare in love : il faut ce moment "aha" ou tout s'explique, voilà l'événement de la vie de l'auteur qui l'a poussé à écrire telle chose — Stephen King a longuement raconté être tombé dans de véritables traquenards avec des inquisiteurs acharnés. Est-ce si inconcevable que l'auteur ait, genre, tout imaginé ? Vous savez, comme dans un... roman ? De fiction ?) On est là dans un récit d'enquête traditionnel du genre marabout d'ficelle ressuscitant la figure du journaliste... pas si héroïque que ça, mais s'acharnant à découvrir la vérité. Cette histoire située dans des milieux de SDF, de circuits de la drogue et des addictions diverses aurait pu donner dans le glauque, voire le misérabilisme, écueil qu'évite adroitement l'auteur (bon... ce n'est pas à mettre entre toutes les mains non plus) jusqu'à une fin réussie. Le tout avec une de ces langues faussement désinvoltes, mais d'une fluidité qui nécessite pas mal de travail. Par contre, comme souvent, quatre cents pages, c'est beaucoup, et si on n'entre pas dans le syndrome du Livre Ventripotent™, on eût volontiers resserré l'ensemble de quelques dizaines de pages. Cela étant dit, tant de maîtrise dans un premier roman est prometteur pour l'avenir de Thibaut Solano...

Citation

C'était bien la même résidence, construite dans les années 1990, murs blancs tels ceux des chambres d'hôpital et petites fenêtres mauves impersonnelles et froides. En revanche, un étrange lichen s'était propagé sur la façade, comme un champignon de moisissure invasif ou des veines proéminentes sur les mains d'une vieille dame. On aurait dit que l'immeuble était à l'abandon et le quartier fantôme. Avec un recul de dix ans, je comprenais mieux pourquoi j'avais tant déprimé dans le secteur : il était déprimant. Sans âme, sans animation, monotone, éloigné du cœur de ville. Tout de plain-pied, bas, plat, raplapla.

Rédacteur: Thomas Bauduret mardi 17 août 2021
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