Un flic bien trop honnête

Ses missions au conseil d'État agissaient sur lui comme une drogue dure. À chaque dossier, il peaufinait à l'extrême ses conclusions, affûtait ses exposés comme un ébéniste amoureux d'une cathédrale, et tendait ses forces au moyen de points de droits utiles, illustrant ainsi la raison pour laquelle un magistrat en dernier ressort arbitre selon une procédure irrégulière ou une application erronée des textes.
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Roman - Noir

Un flic bien trop honnête

Tueur en série - Urbain - Artistique MAJ lundi 21 février 2022

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 17,9 €

Franz Bartelt
Paris : Le Seuil, mai 2021
192 p. ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-02-147934-8
Coll. "Cadre noir"

La Gamelle et le tueur en série esthète

Le roman de Franz Bartelt s'ouvre, de manière à former un clin d'œil, par une forte allusion à l'œuvre de Raymond Queneau. Ce clin d'œil fonctionne chez Franz Bartelt qui est un écrivain qui s'amuse beaucoup, et nous amuse de même, avec sa façon de traiter une intrigue. Il a beaucoup travaillé sur le roman policier, autour, avec souvent un regard particulier. Ici, ce sera encore le cas. D'une part, le policier central, l'inspecteur Gamelle (!), est à l'instar des "héros" contemporains, soumis à des problèmes sentimentaux. En effet, sa femme, nymphomane, l'a quitté pour un homme riche et amateur des plaisirs épicuriens. Mais il en est encore amoureux et même il acceptera à un moment de devenir son chauffeur privé et d'emmener le couple dans des soirées libertines. Quant au thème général, d'autre part, c'est une histoire de tueur en série, un tueur particulier puisqu'il tue sans raison, ne viole pas, ne mange pas ses proies et se contente de les déposer dans la rue, dans une posture reposée, sur les passages piétions. Il en est déjà à plus de quarante victimes... C'est alors que le policier a une idée : le tueur se déplace en bus. S'il se promène dans les bus, il le repèrera forcément. Il commence alors ses pérégrinations. S'il ne rencontre pas le tueur, il va, au moins, faire la connaissance de Fernand Ladouce, un aveugle, intellectuel et épicurien lui aussi, riche également, qui le prend en sympathie. Peut-être qu'à eux deux, dans une alliance improbable, ils mettront la main sur l'assassin. Pour compliquer la chose, le chef même de la police n'est pas forcément très angoissé par la non-arrestation du tueur, car un tueur en série c'est un seul homme responsable de quarante meurtres et donc une seule affaire résolue. C'est beaucoup plus intéressant pour les statistiques d'arrêter deux tueurs "normaux" de leur épouse !...

Comme on le voit, ici, la recherche du tueur est le prétexte à écrire une histoire, dans la lignée plus d'un Marcel Aymé, jouant sur les bons repas, l'amitié, l'amour, que sur des flaques de sang et des sentiments torturés. Le tueur lui-même est une sorte d'esthète du crime. Au fil des pages, d'autres réminiscences littéraires ponctuent un texte léger (dans le sens de la légèreté d'une mousse) et agréable, qui réconcilie avec la vie, comme une bouffée d'air frais dans une littérature anxiogène.

Citation

Peut-être mes crimes sont-ils un peu trop littéraires..., se navrait-il. Évidemment c'est le risque quand on ne veut voir que le côté récréatif des choses !

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 21 février 2022
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