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mardi 23 avril

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Roman - Policier

M. Malbrough est mort

Énigme MAJ vendredi 29 janvier 2010

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 6 €

Pierre Véry
Paris : Le Masque, janvier 2010
190 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7024-3483-3
Coll. "Les Classiques du Masque", 2524

Sauve qui peut

Simon Laurent est un illustrateur de cartes postales. Alors qu'il déambule sur une route de campagne, il est dépassé par un cycliste qui laisse choir un paquet contenant des objets noirs, panoplie d'une stripteaseuse. Les traces de pneus du vélo conduisent au "château", résidence des De la Sauve. De malentendu en malentendu, il se retrouve précepteur de Désiré. Désiré est fou, mais il n'est sûrement pas le seul dans une demeure où les chiens de faïence rivalisent avec les statues du jardin. Luxe, luxure et silence sont criants. Il y a quasiment plus d'agitation la nuit que le jour. Les chauves-souris volent bas, des individus s'échangent des signaux lumineux, un Espagnol rôde dans les jardins, une chanteuse est devenue muette, un cousin libidineux dépense une fortune avec des détectives privés, la domestique mène tous les mâles du voisinage à la baguette… pendant ce temps, Désiré-la-Fronde attend ses crises d'épilepsie en mangeant des vers de terre. Désiré est amoureux fou de la domestique. Même qu'il tuerait pour elle. Et ça tombe bien : l'endroit est tellement oppressant, les souvenirs enfouis profondément ne demandent qu'à remonter. Seul un drame peut alors accoucher de cette situation et permettre à la vie de suivre son cours.

Étrange roman que ce M. Malbrough est mort. Il y a tout d'abord cette introduction qui, si on ne savait pas que le bouquin a plus de soixante-dix ans (!), on jurerait qu'il est un des fondements du néo-polar. D'ailleurs, à la réflexion, cette introduction intitulée "Histoire d'un crime", elle ne se justifie pas dans un roman hommage à Gaboriau par la suite très classique ("Un livre dépenaillé était ouvert sur ses genoux. Une édition populaire, à la couverture violemment coloriée : 'Le Crime d'Orcival', par un certain Gaboriau. Un roman de police, je suppose", puis, plus loin : "… elle doit, jusqu'à des heures insensées, lire à la chandelle avec une indescriptible passion, les récits malsains de M. Gaboriau !") mais tout empreint du fantastique de Dracula. Car le narrateur se retrouve cloîtré dans un manoir envahi par les chauves-souris. Un manoir qui semble retrouver vie la nuit. Les correspondances enfiévrées du narrateur avec sa Dame de cœur (mais est-ce qu'elle existe ?) rapportent ses tourments. Ailleurs, ne dit-il pas : "J'ai vu luire ses dents, très blanches" ?
Le livre est classique, il se base sur le plus vieux postulat du monde, celui du théâtre de boulevard : le quiproquo. Et, dans ce roman, ils sont très très nombreux. Mais la fin sera dramatique sauf pour Simon Laurent, celui pour qui tout finit bien dans un monde rose à la Bisounours : faut dire qu'il a su à un moment donné faire péter sa carte bleue et embarquer dans le train en compagnie de celle qu'il aime (malgré Pierre Véry qui lui annonce bien des tourments à venir…) !


On en parle : La Vache qui lit n°109 |L'Indic n°6

Citation

L'arme fut délibérément tournée vers une cible humaine délibérément choisie, cette cible fut longuement visée, et le coup ne partit que lorsque l'assassin l'eut décidé, et la mort frappa très précisément l'individu visé - celui-là et nul autre.

Rédacteur: Julien Védrenne vendredi 22 janvier 2010
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