Requiem pour une République

Ci-gît un ogre assassiné par le Petit Poucet.
Maxime Lorfrais - Miroirs
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

mardi 19 mars

Contenu

Roman - Noir

Requiem pour une République

Politique - Historique - Guerre MAJ mercredi 27 avril 2022

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 0 €

Thomas Cantaloube
Paris : Folio, avril 2021
540 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-07-292251-0
Coll. "Policier", 931

Raison d'État

Avec Requiem pour une République, Thomas Cantaloube revient sur quatre années (que l'on souhaite d'exception) terribles dans l'histoire de la France de l'après-guerre : 1959-1962. Son roman, de facture éminemment classique, quoique choral, est une digestion tardive de ces "événements" qui ont conduit à l'indépendance de l'Algérie. Il traite ce pan historique essentiellement d'un point de vue parisien avec trois personnages emblématiques : Luc Blanchard (jeune flic de la PJ du 36), Antoine Carrega (petit truand corse) et Sirius Volkstrom (mercenaire manchot avec très peu de scrupules). Ces trois individus, tous masculins, vont être amenés à se croiser, à se confronter et à se respecter à défaut de s'apprécier. Au départ d'une intrigue très enlevée, il y a la planification de l'assassinat de deux frères algériens dans l'appartement de l'aîné, avocat du FLN, par un certain Victor Lemaire qui doit être ensuite abattu par Sirius Volkstrom. Une mission républicaine en dehors des clous diligentée par Deogratias, le second du préfet de police Maurice Papon. Sauf que le plan sans accroc ne se déroule pas de la meilleure des manières : Victor Lemaire abat également la femme de l'avocat et leurs deux enfants (autant de victimes qui devaient être absentes) et réussit à s'enfuir. La PJ enquête sous la supervision de Papon, et diligente une équipe étrange formée de deux inspecteurs Janvier, un vieux poivrot, et Blanchard, un blanc-bec, dans le but avoué d'étouffer l'affaire. La suite est une succession de rebondissements sur fond de trahisons ou de peurs de trahisons, de camaraderies entre truands corses des années 1950-1960 (avec héroïne à la clé) et de remugles nauséeux et politiques qui s'accompagnent d'une visite de la Capitale et de sa banlieue proche.

L'auteur est parfaitement bien documenté, et maîtrise parfaitement son écriture et son histoire. On découvre l'émergence d'acronymes qui résonnent sombrement à nos oreilles : FLN, SAC, OAS... On voit toute cette frange extrémiste française en action (avec la figure de Jean-Marie Le Pen). Thomas Cantaloube fait intervenir Maurice Papon (de triste mémoire) et s'amuse de François Mitterrand alors dans une sale passe (le faux attentat dont il est victime). Ses personnages, faillibles, apparaissent dans l'intrigue pour diverses raisons, et ont des motivations hétéroclites. Sirius Volkstrom entend pouvoir faire libérer de prison son amant. Antoine Carrega, enquête à la demande de son ancien chef de maquis, le père de la femme de l'avocat, un banquier à particule. Enfin, Luc Blanchard, enquête par idéal et souci de la vérité. Parmi les figures féminines, celle de Margot, fleuriste aux Abbesses, maîtresse d'Antoine puis de Luc. Margot est une femme indépendante (professionnellement, sexuellement et sentimentalement) qui sait ce qu'elle veut. Mais ce sont bien les interactions entre les trois personnages principaux masculins qui sont au cœur de ce roman. Tout est affaire d'attraction et de répulsion. Antoine Carrega sera celui qui amènera la question évidente et que ne s'est pas posée Luc : pourquoi fomenter l'assassinat d'un avocat bien vu sur la scène parisienne malgré son soutien au FLN ? La réponse est à trouver dans une pile de dossiers, qui représente allégoriquement une bombe atomique.

Citation

Blanchard commençait à saisir. Son esprit moulinait de nouveau. Une famille entière trucidée dans Paris à cinq cents mètres du quai des Orfèvres, c'était mauvais. Une famille franco-algérienne, ça compliquait les choses. Une épouse avec un tel pedigree, ça attirait les ennuis. Un avocat descendu, ça suscitait des questions. Un avocat descendu qui bosse avec le FLN, ça pouvait être bon ou mauvais, selon qui l'a refroidi. Ça devenait politique. Un frère qui n'était pas censé être là, ça soulevait des interrogations... Bref, un beau bordel.

Rédacteur: Julien Védrenne mercredi 27 avril 2022
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page