Semia

Un enquêteur se devait de découvrir la culpabilité cachée derrière l'innocence.
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jeudi 10 octobre

Contenu

Roman - Policier

Semia

Psychologique - Ésotérique - Corruption MAJ jeudi 19 mai 2022

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Audrey Gloaguen
Paris : Gallimard, mars 2022
542 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-07-291642-7
Coll. "Série noire"

Actualités

Suicide club

Décembre 2018. Alors que Noël approche, un triple suicide par pendaison dans un temple de la consommation tel que le centre commercial 4 temps de la Défense, ça fait désordre. Et comme l'une des victimes était le fils de quelqu'un haut placé, le commandant Jan Nowak, flic dur et sans scrupules, est chargé d'étouffer l'affaire. Puisque le suicide ne fait aucun doute, qu'est-ce qui a pu amener trois personnes de milieu et d'horizons différents, qui n'auraient jamais dû se rencontrer, à faire le grand saut ensemble de matière aussi théâtrale ? Peut-être que le réseau social Fate, leur seul point commun entre les morts, fournirait une explication, mais comme par hasard, leurs conversations ont été effacées. Autre point en commun, tous portaient le même bijou flanqué d'une croix ansée, le fameux ankh égyptien. Une affaire qui intéresse Manhattan Caplan, journaliste ou plutôt fabriquante de sujets sans intérêt pour une maison de production sans intérêt. Achromate — incapable de discerner les couleurs — Manhattan risque également de perdre la garde de son fils dans un divorce pénible. Ses recherches la mèneront jusqu'au Japon, terre reine des pactes de suicides. Mais pourquoi cette aura de secret autour de l'affaire ?

Semia est un bon roman passé, il nous semble, un peu inaperçu, et ce même si Audrey Gloaguen, son auteure, a le profil rêvé pour que l'on considère avec bienveillance son manuscrit (journaliste, travaillant dans l'audiovisuel, réalisatrice, eh oui, aujourd'hui, qui on est compte plus que ce qu'on écrit, de préférence avec le mythique "réseau" qui ouvre toutes les portes, ce qui ici n'est guère justifié). Ou est-ce la manie d'en dire trop dans les quatrièmes de couverture, puisque celle-ci déflore ce qui est au chœur même du roman, ce ou cette Semia qui n'intervient que tardivement dans l'intrigue ? Le roman choral est à la mode, mais là, ce chœur fait la moelle même du roman, qui s'éloigne du thriller industriel plein de bruit et de fureur qu'il pourrait annoncer. La toile d'araignée se développant autour du fait divers central est loin d'être du ronron de série télévisée prémâchée : il y a de vrais personnage (bon, d'habitude on fait toujours semblant d'en mettre histoire de vendre du roman, mais là, ils existent réellement) et on a plaisir à suivre leur itinéraire, y compris celui d'un flic anti-héros de la plus belle eau. Et pourtant, il faut avouer qu'il ne se passe pas grand-chose stricto sensu dans le roman d'Audrey Gloaguen si on le décortique. En revanche, la conclusion donne dans le cliché de la Grande Dénonciation un peu éculé depuis Mille milliards de dollars et qui fait un peu anachronique maintenant que l'on sait que ce genre de scoop n'a que peu de chances de changer quoi que ce soit, perdu qu'il sera dans le bruit blanc médiatique. N'empêche, ce roman mériterait autre chose que de prendre la poussière dans les enfers des librairies...

Nominations :
Mille et une feuilles noires 2022

Citation

Observer. Ne jamais cesser d'observer, c'est ce qui lui a toujours permis de résoudre ses enquêtes, même les plus difficiles. En dix ans de carrière, il n'a jamais vu une scène de crime qui ne lui fournisse suffisamment de détails pour trouver le coupable.

Rédacteur: Thomas Bauduret jeudi 19 mai 2022
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