Jungle pourpre

Je m'aperçus alors que sans m'en rendre compte, je me cognais doucement le front contre le haut de mon ordinateur. Ce qui, somme toute, était une métaphore parfaite de cette putain d'enquête.
Patrick Eris - Les Arbres, en hiver
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 10 octobre

Contenu

Roman - Thriller

Jungle pourpre

Social - Corruption - Gang MAJ dimanche 29 mai 2022

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20,9 €

Julie Ewa
Paris : Albin Michel, avril 2022
376 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-226-47330-1
Coll. "Thrillers"

Vue en coupe d'un pays en recherche

Dea est une jeune fille indonésienne de onze ans, qui veut réussir à l'école, mais qui se rend compte que ses parents travaillent énormément et s'endettent pour qu'elle puisse étudier. Alors elle s'enfuit sur l'île de Sumatra, et se retrouve dans la grande ville (fictive) de Kotanak. Elle est alors prise sous l'aile protectrice d'Aron, un jeune homme qui, après un passé tumultueux, a décidé de s'améliorer et d'aider un petit groupe d'enfants perdus. Aron est aidé par un vieux bibliothécaire et son épouse, et essaie de trouver un atelier où il pourra multiplier les pièces d'artisanat qu'il vend sur les marchés, atelier qui servira aussi de toit à ses protégés. Mais ce petit groupe est mal vu de l'entourage et certains des protégés se retrouvent malades, voire meurent. Des suspects possibles surgissent - les gangsters du coin qui ne supportent pas qu'Aron les ait quittés et risque de gêner leurs ventes ; une commerçante voisine de l'endroit qui détexte les manigances de ces jeunes voyous. Des policiers surveillent le tout, à l'affut, car les instances politiques ont besoin de l'arrestation de trafiquants de drogue. Et il faut s'occuper d'Aron, qui est un ancien membre du gang sans que l'on sache très bien s'il a réellement coupé les ponts avec ses anciens amis. D'ailleurs, il se rend parfois dans leur tanière. De son côté, Dea malgré sa jeunesse, doute de tout et se pose des questions sur son protecteur. Ne serait-il pas un jeune loup déguisé en mouton ? Elle cherche alors à le fuir mais tombe entre les mains d'un orphelinat catholique, ce qui n'a pas l'air beaucoup plus joyeux.

Julie Ewa s'est beaucoup documentée, et elle s'est rendu sur place pour rendre compte de la société indonésienne - à travers ses aspects les plus divers. Et ce afin de raconter au mieux les éléments qu'elle a découverts sur les problèmes liés aux enfants avec passage des orphelins non pris en charge par la société à la prostitution ou débrouillardise, corruption des forces de l'ordre, façon violente dont les gangs gèrent le quotidien, tentatives de certains pour améliorer ce même quotidien, et aussi poids de la religion. Si l'auteure n'évite pas par moments un certain manichéisme avec des méchants très méchants, sans foi ni loi, les personnages centraux sont plus gris que noirs ou blancs, oscillent eux-mêmes entre leur volonté de s'en sortir et le respect de leur parcours. Au cœur de l'intrigue, une des questions cruciales s'axe sur la réaction d'Aron au moment de choisir entre un ami très proche, devenu gangster, et un enfant qu'il soutient. Julie Ewa parvient à mélanger dans sa construction, de manière romanesque et non empreinte d'une lourdeur documentaire, la réalité sociale de l'Indonésie qu'elle décrit. Voyage qui sait être exotique mais au travers d'enjeux compréhensibles, le récit policier permet de maintenir le suspense et l'attention du lecteur pour un livre intéressant et qui nous fait découvrir un pays et (une partie de) sa réalité.

Citation

Apeurée, elle bondit à l'extérieur, dans la rue colorée des étals de fruits et de légumes. Dehors, un essaim de femmes voilées transpirait sous des manches épaisses et longues. Les scooters tentaient de se frayer un chemin à travers la foule effervescente du marché, en vain : les conducteurs patinaient en pestant sous leur masque antipollution

Rédacteur: Laurent Greusard dimanche 29 mai 2022
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page