Vanda

Les morts ne parlent pas, nous apprend le dicton. Rien ne saurait être plus éloigné de la vérité. Les morts nous parlent de bien des façons. Et si nous ignorons leurs voix, c'est à nos risques et périls. C'est une erreur grossière de penser que nous n'avons rien à apprendre de ceux qui nous ont précédés. Nous avons juste à apprendre à les écouter.
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Roman - Noir

Vanda

Psychologique - Social - Urbain MAJ vendredi 01 juillet 2022

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 7,4 €

Marion Brunet
Le Livre de poche, mars 2021
216 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-253-90446-5

Des cœurs simples

Vanda est une jeune femme qui élève seule son fils, en marge de la société. Ce fils, elle l'a eu avec Simon, il y a six ans, mais ce dernier, sans être au courant de sa paternité, l'a quittée pour Paris, où il commence à se faire un nom dans son métier. Il s'est même mis en ménage avec une charmante jeune femme, qui elle refuse d'avoir des enfants. Quand Simon revient sur Marseille pour enterrer sa mère et retrouve Vanda. Il est surpris de la voir vivre dans un cabanon du côté de la plage, vivant de petits riens, d'un métier où la simple volonté de se défendre devient vite une raison de licenciement, fumant des pétards et récupérant près de chez elle des zonards qui viennent faire la fête. Mais surtout Vanda commence à avoir peur car elle croit que Simon est venu pour récupérer son fils. Dans le feu d'une dispute, elle lui jette à la figure qu'il est père. Et voilà Simon qui se retrouve coincé entre ses envies de paternité, son amour pour sa nouvelle compagne et le désarroi qu'ouvre la mort de sa mère.

Le roman de Marion Brunet est court et surtout il ne joue pas sur la psychologie des personnages. Ils agissent ainsi, de manière contradictoire, mais ne sont pas jugés par l'auteure. Elle les décrit, avec empathie, mais en même temps avec le regard aiguisé d'une entomologiste qui observe des êtres particuliers, pris dans leurs pensées, leur vie, avec leur mode de fonctionnement personnel. Même s'il y a dans le texte quelques "drogués", des poussées de violence, une recherche en paternité, nous ne sommes pas dans un polar au sens strict du terme. Mais nous sommes bien dans un roman noir, un texte à la David Goodis, où la poisse colle aux êtres, où le malheur ne peut qu'advenir, où les personnages se dirigent tous, avec certitude, tête baissée, vers ce qui ne peut être qu'une tragédie. À chaque instant, le lecteur sent qu'un geste, une parole, un apaisement, pourrait signifier une transformation et un happy end, que l'orage qui pèse et menace d'éclater en engloutissant tout pourrait virer à la pluie rafraichissante, mais il se doute bien que cela ne pourra pas arriver. Ce n'est sans doute pas un hasard si, alors que chacun semble savourer la plage et son farniente, dans le ciel tournoient sans cesse des gabians qui planent comme des vautours attendant leur nourriture. C'est là, tout le charme de la tragédie ancienne, des romans de David Goodis ou d'André Héléna et de ce Vanda, de Marion Brunet, qui nous raconte une histoire d'aujourd'hui, avec délicatesse, nous peint avec force ce que nous lisons souvent rapidement comme des faits divers d'une dépêche AFP.

Citation

Pour ne pas répondre, elle grogne, bave un ouais qui dit l'inverse, fait démarrer la bagnole. Il faut qu'elle parte. Il restera pas. Elle appuie sur l'accélérateur pour filer le plus vite possible, alors il est obligé de lâcher la portière.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 01 juillet 2022
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