Mordew

C'est comme prendre une torche et illuminer ce qu'il y a de plus sombre en moi. Tout le monde a des désirs secrets, désirs de meurtre et de torture, mais personne ne veut l'admettre. Et lorsqu'on s'y risque, on prétexte un moment d'égarement, un acte qui n'appartient pas à celui qu'on pense être. Mais nous incarnons la somme de nos désirs.
Matthew Stokoe - La Belle vie
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

vendredi 04 octobre

Contenu

Roman - Thriller

Mordew

Gothique - Gang - Urbain MAJ mercredi 07 septembre 2022

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 24,9 €

Alex Pheby
Mordew - 2020
Traduit de l'anglais par Claro
Paris : Inculte, septembre 2022
734 p. ; illustrations en noir & blanc ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-36084-181-3

Vivre sur un cadavre en décomposition

Avec Alex Pheby et son roman Mordew, nous sommes dans un univers particulier avec un monde médiéval à ce qu'il pourrait sembler ou un monde futur revenu à des âges sombres. La ville est entourée de murailles et protégée par des remparts qui empêchent des phénix de venir la détruire. Des phénix envoyés par une sorcière et contre laquelle lutte le maître sorcier de la ville, maître tyrannique dont on perçoit mal les motivations, mais qui réclame de temps à autre des enfants qui viennent le servir dans son palais dominant la ville. Tout en bas, dans les bas-fonds, là où la boue crée de petits êtres qui en sortent pour être capturés et vendus, vit Nathan Treves. C'est un jeune garçon qui possède des talents magiques. Il a, en lui, des puissances destructives qui peuvent sortir en cas de colère. Son père avait les mêmes pouvoirs mais utiliser ces pouvoirs détruit peu à peu et de plus en plus violemment à mesure qu'on les utilise. D'ailleurs, sans que l'on en sache plus, le père est en train de mourir, crachant difficilement des vers qui lui envahissent le corps et contre lesquels il n'existe que des potions qui retardent le Mal. Pour survivre, Nathan Treves va chercher dans la boue des êtres qu'il revend, quant à sa mère, elle se prostitue. Mais peut-être sa vie va-t-elle pouvoir changer. En effet, le jeune homme rencontre un gang des rues, un gang qui commet des petits délits et vit dans les sous-sols. Peut-être aussi pourrait-il essayer de gagner le château du maître et essayer de se servir pour lui de ses pouvoirs.

Le roman d'Alex Pheby s'éloigne d'un récit policier classique. Il se base pourtant sur un mort célèbre que l'on découvrira vers la fin et dont le corps se décompose, expliquant les raisons mêmes de ce monde. S'appuyant sur des éléments fantastiques (sorcellerie, livres qui parlent, phénix, monstres divers et variés dont un démon appelé et qui est extrêmement collant, deux chiens intelligents et raisonneurs), Mordew raconte une histoire finement et finalement dans des décors très à la Charles Dickens, avec une société très hiérarchisée, avec des classes sociales qui s'opposent, de manière spatiale aussi. Le roman est alerte, gothique, sait décrire des scènes qui, pourtant, se basent sur des éléments qui ne devraient pas exister. Il y a à la fois du réalisme et du baroque : on passe de descriptions que l'on pense tirées d'un roman du XIXe siècle à des scènes plus liées aux aventures fantastiques. Le tout se déploie (et nous y sommes aidés par un glossaire final qui pourra être utile) sur une longue distance qui se lit sans peine, avec des pointes d'humour, et empêche de poser le livre, avant de nous livrer un final noir, désespérant à souhait (même si une suite est annoncée plus ou moins). Ouvrage difficilement classable, plus proche des anciens maîtres feuilletonistes avec des éléments proches de la fantasy que par exemple d'un roman de Jean-Patrick Manchette, Mordew est un gros et grand livre.

Citation

Sur les contreforts de Mordew, la Route de Verre s'élevait dans les lointains, mais les maisons, celles possédées par des hommes soucieux de prouver aux autres combien ils étaient en accord avec le Maître en imitant ses œuvres, comportaient de nombreux étages, certaines s'achevant par des flèches dont la pointe touchait presque à la Route de Verre.

Rédacteur: Laurent Greusard jeudi 01 septembre 2022
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page