À la base c'était lui le gentil

SMERSH était l'acronyme russe de Smiert Spionem, "mort aux espions". Il s'agissait d'une vieille organisation soviétique créée par Staline pendant la Seconde Guerre mondiale, destinée à éliminer tous les traîtres de l'Armée rouge, mais également les espions... et les opposants... et les semblants d'opposants... et les presque contre... et les pas tout à fait pour... et aussi un peu les autres ! Bref, tout ce qui pouvait agacer les gencives du "petit Père des peuples" - et, en effet, le petit père dépeuple !
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vendredi 26 avril

Contenu

Non fiction - Policier

À la base c'était lui le gentil

Social - Urbain - Presse MAJ vendredi 10 mars 2023

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 9 €

Ramsès Kefi
Paris : XXI, mars 2023
96 p. ; 16 x 11 cm
ISBN 978-2-35638-178-1

Briser le cercle vicieux

Première publication de la nouvelle maison d'édition XXI (nom d'un magbook qui s'intéresse à la société), À la base c'était lui le gentil permet à son auteur, le journaliste Ramsès Kefi, de nous offrir un reportage littéraire pour mieux comprendre les rixes adolescentes des banlieues proches parisiennes. L'auteur revient dans un premier temps sur le destin tragique d'Aboubakar, treize ans, mort d'une rivalité de quartier exacerbée le 13 octobre 2018. Sans porter le moindre jugement, Ramsès Kefi relate des faits qui touchent quatre communes du 93, ou parfois du 9-3, Les Lilas, Le Pré-Saint-Gervais, Romainville et Bagnolet. Il pointe du doigt sans les exonérer mais sans les accabler les témoins habituels - de l'État à la famille -, en passant par l'éducatif et l'associatif.

Mais après, il va plus loin. Va chercher à la racine identitaire, qui fait que des jeunes aujourd'hui se revendiquent plus d'une rue que d'une ville. Met au centre de son récit un imposant collège, Travail-Langevin, bâti en 1931, aujourd'hui complètement à l'abandon alors même qu'il continue son œuvre qui devrait être émancipatrice, mais dont la silhouette semble être cause d'un des problèmes : la prise de conscience des collégiens qu'ils ont été abandonnés par la République. Le journaliste tente de lister des raisons. Et surtout, il nous révèle que l'histoire se répète. Après Aboubakar, Kewi et ainsi de suite. Devant des forces de l'ordre démunies et des édiles, pourtant issus des communes, qui sont abattus mais qui n'ont d'autre choix que de continuer tant bien que mal. Sous-jacente, l'absence de police de proximité. Pour contrer, il faut comprendre, et pour comprendre, il faut au moins être capable de se fondre. Surtout que dans le cas des rixes mentionnées, même pour les acteurs principaux, les causes ne sont pas évidentes. Elles remonteraient à la génération 1999. Et ce qu'il y a de terrible, c'est que les premiers acteurs, ceux qui n'ont pas suivi un chemin radical, ne sont plus très sûrs. Lorsqu'ils interviennent a posteriori auprès des nouveaux jeunes, ils font simplement ce qui a été entrepris dans les années 2000 en Angleterre : des anciens jeunes qui ont fauté font du porte-à-porte pour tenter de convaincre les nouveaux jeunes de rompre avec ce cercle vicieux.

En près de cent pages documentées et structurées qui visent à une certaine objectivité, Ramsès Kefi fait plus que poser les jalons d'un problème. Il soulève des problématiques, tente d'apporter l'air de rien des réponses. L'entretien avec Arnaud Passalecqua, professeur en aménagement de l'espace et urbanisme à l'université de Paris-Est Créteil, qui ponctue son reportage ouvre une voie métropolitaine (dans tous les sens du terme) : l'importance des transports en public associée à une décentralisation nécessaire qui permettrait à des villes de s'émanciper et à ses populations d'y vivre. Le tout dans une mise en page aérée, très lisible, au service de ce courant en vogue de la narrative non fiction. À suivre...

Citation

Autrefois, sans wi-fi et sans portable, un délai était nécessaire pour rameuter sa bande et trouver du renfort pour une descente d'envergure.

Rédacteur: Julien Védrenne vendredi 10 mars 2023
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