Libre comme l'air

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vendredi 29 mars

Contenu

Roman - Noir

Libre comme l'air

Social - Hard boiled - Urbain MAJ vendredi 07 avril 2023

Note accordée au livre: 3 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 8,6 €

Sara Lövestam
Luften ar fri - 2016
Traduit du suédois par Esther Sermage
Paris : Pocket, juillet 2020
398 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-266-30685-0
Coll. "Thriller", 17820

Enquête à hauteur de trottoir

Écrire des histoires avec des détectives privés, c'est s'exposer à recevoir des volées de bois vert si le personnage central ressemble un peu trop à un modèle déjà existant. Les noms qui se sont détachés ces dernières décennies sont principalement ceux qui avaient un héros atypique, un représentant symbolique d'une minorité. C'est ainsi que nous avons déjà eu un privé sans nom, un autre manchot, un autre homosexuel, etc. Sara Lövestam a décidé de dynamiter encore plus tout ça. Elle a choisi comme détective, Kouplan, une Iranienne, qui vit clandestinement en Suède, et doit se cacher en attendant une date précise pour pouvoir demander l'asile. Tout ça fait d'elle une SDF qui doit se débrouiller pour survivre. Ajoutez à cela qu'elle se sent mal dans sa peau et aimerait être un garçon. Depuis quelques temps, elle suit un traitement illégal à base d'hormones pour devenir un garçon. C'est à ce moment qu'elle reçoit un coup de fil d'une jeune femme riche qui est bien embêtée : elle est gravement malade et se demande si son mari, devenu distant, ne la trompe pas. Elle souhaite engager Kouplan pour en avoir le coeur net. Kouplan accepte la mission qui va lui donner un peu d'oxygène financière. Mais, si elle découvre vite que l'épouse a raison lorsqu'elle pense que le mari lui ment, ce n'est pas forcément pour une question d'adultère. Tout en continuant son enquête, Kouplan doit louvoyer pour éviter la police quelques jours encore avant de pouvoir faire sa demande de régularisation, doit survivre dans les rues d'une capitale suédoise au climat un peu frais pour une Iranienne.

C'est dans la description du quotidien que le roman touche sa cible : comment faire pour travailler quand on n'a pas d'adresse, quand on doit trouver des combines pour recharger son portable, pour se nourrir au moindre coût, pour suivre un suspect quand on ne peut prendre que les transports en commun et encore s'il reste dans la poche quelques pièces pour acheter un billet, se laver, etc. Sans parler des rencontres avec d'autres SDF, pas toujours animés de bonnes intentions. En même temps, pour prouver sa bonne foi, Kouplan doit obtenir des témoignages de son besoin d'asile. Comment trouver des preuves que l'on a travaillé dans un journal d'opposition quand ce journal était secret ? Pour avoir des preuves, Kouplan est obligé de chercher des informations qui l'inquiètent car sa famille restée en Iran semble avoir disparu des écrans radar de la société. En plus, comment expliquer que l'on est un garçon alors que l'on dispose de papiers qui déclarent que vous êtes une fille ? Et comment aider la femme qui l'a engagée à sauver son mari du "piège" dans lequel il est tombé ? Si l'enquête est classique et sans grande originalité autre que le fait que le détective va aider le "coupable" à s'en sortir, le centre de gravité du roman consiste bien dans la création d'un personnage intéressant, complexe et surtout dans sa lutte quotidienne, qui met le monde des clochards, des difficultés si précises que l'on a même du mal à y songer, pour survivre dans un univers peu tendre pour les perdants.

Citation

Kouplan s'assoit donc devant la vitrine, déploie son matelas et s'enroule dans son sac de couchage. Soudain, une idée lui vient. Il fouille dans la poubelle du 7-Eleven et y trouve un gobelet usagé. Il a désormais une bonne raison d'occuper le trottoir.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 07 avril 2023
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