Quelquefois, ils leur pardonnent

Sa première impression avait été la bonne, il ne reconnaissait plus sa femme. Il ne bougea pas et, sans savoir s'il devait s'inquiéter ou non, il décolla, du bout de ses doigts, les minces pellicules de colle séchée.
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Contenu

Roman - Noir

Quelquefois, ils leur pardonnent

Social - Domestique - Escroquerie MAJ vendredi 16 février 2024

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21,9 €

Carl Nixon
The Waters - 2023
Traduit de l'anglais (Nouvelle-Zélande) par Benoîte Dauvergne
La Tour-d'Aigue : L'Aube, février 2024
312 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-8159-5477-8
Coll. "Noire"

Album de famille

Le titre original, The Waters, fait référence à une terre qui doit servir à construire un lotissement. Pat Waters, le père, a quitté son village natal après avoir vendu la ferme familiale avec femme et enfants (Marika, Davey et Sam). Il a investi dans une affaire immobilière à New Brighton. Mais alors que lui et sa famille s'installent, il s'aperçoit que le travail sera plus rude qu'il ne le croyait, et que sa femme, sous le coup d'une dépression post-partum, n'est pas un soutien mais bien au contraire un poids. Et le fait qu'il prenne une maîtresse ne va pas aider à surmonter les difficultés. Entre les souffrances de sa femme, son propre alcoolisme et les enfants qui tentent de vivre dans ce monde qui ne leur est pas forcément favorable, le père va user sa santé.

Les enfants qui grandissent et vivent différemment, les nouvelles compagnes des uns ou des autres, les relations compliquées entre frères et sœur, les soucis de santé, ce terrain sur lequel quelques bungalows posés servent de locations de vacances, de coin pour se reposer ou même de refuge, la vie qui continue, sont au cœur de ce nouveau roman de Carl Nixon, dans une évocation noire de la vie, peut-être éloignée d'un polar classique mais proche de la littérature noire. Une mention particulière doit être faite pour la construction littéraire. Nous suivons l'histoire comme une suite de nouvelles, indépendantes mais reliées entre elles par les personnages et les lieux (certains des chapitres ont même vu des parutions à part dans des revues néo-zélandaises) et proposés dans des regroupements chronologiques, mais pas forcément dans l'ordre. Sont d'abord évoqués des événements récents, puis on remonte le temps pour arriver aux sources d'explications possibles sur les comportements des uns et des autres. Le tout est porté par un regard empathique de l'auteur qui ne juge pas ses personnages, même ceux dont le parcours est plus chaotique. L'ensemble comme une boule à facettes nous propose une vision forte et prenante d'une famille, de la vie, des échecs et des réussites, de la résilience ou de la plongée dans le noir et le sordide, avec un soin méticuleux, un sens du détail et de l'humanisme, pour présenter une histoire qui attache le lecteur du début à la fin, avec notamment un final glaçant et explicatif très fort.

Citation

Le premier soir dans sa maison, Mark, couché sur un matelas dans la salle de séjour vide, écoute les voisins flanquer une raclée à leur fils par les fenêtres ouvertes. Il est presque minuit, mais il fait sûrement encore une vingtaine de degrés, et il n'y a pas l'ombre d'une brise pour brasser l'air chaud.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 16 février 2024
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