Trafic sordide

Terminer par San Francisco, c'était le cadeau qu'il se faisait pour oublier que, partout dans le monde, il jouait devant des salles de plus en plus clairsemées.
Glen David Gold - Carter contre le diable
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

vendredi 04 octobre

Contenu

Roman - Policier

Trafic sordide

Immigration clandestine MAJ lundi 22 mars 2010

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

Simon Lewis
Bad Trafic - 2008
Traduit de l'anglais par Pierre Girard
Arles : Actes Sud, septembre 2009
352 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-7427-8649-7
Coll. "Actes Noirs"

Mondialisation de la lutte des classes

L'inspecteur Jian est un policier qui a connu les grandes périodes encore maoïstes de la Chine. Il boit plus que de raison pour ne pas trop voir la façon dont évolue un pays sous l'emprise du capitalisme et de la corruption. Après une de ses beuveries, il a même un accident de voiture dans lequel sa femme trouve la mort. Sa fille veut devenir quelqu'un et il a joué de ses relations pour qu'elle puisse partir en Angleterre faire des études. Il l'appelle régulièrement. Mais un jour, c'est elle qui l'appelle au secours. Lorsqu'il débarque, tout est difficile : il n'a aucune légitimité officielle, ne parle pas la langue, ne connait même pas les coutumes locales et dès les premiers instants, il perd argent et passeport. Cela ne l'empêche pas de se rendre au domicile de sa fille pour découvrir qu'elle a disparu, qu'elle n'a jamais fait les études pour lesquelles il l'avait envoyée en Europe. La dernière piste crédible est celle d'un restaurant chinois où elle travaillait. Là-bas, Jian croise la route d'une triade locale et rencontre un restaurateur peu coopératif...
Ding Ming et petite Yi forment un jeune couple qui a décidé de venir en Angleterre. Ne pouvant le faire légalement, ils ont fait appel à un passeur. Malgré des conditions déplorables, ils arrivent en Angleterre mais sont aussitôt séparés. Ding veut joindre sa compagne mais Kevin, le contremaitre refuse... sauf s'il devient son "ami" ce qui effraie Ding. Ding parle un peu anglais mais ne connait rien des mœurs locales. Il croit que s'il va se plaindre à la police, comme il est clandestin, les policiers le tueront pour vendre ses organes. Tout se complique lorsque Kevin l'entraine pour un boulot bien payé qui consiste à enterrer un cadavre !
Bien évidemment, le chemin du clandestin va croiser celui du policier, qui voit là une chance inespérée dans sa recherche car le jeune homme parle anglais. Il pourra l'aider dans son enquête. L'affaire se complique quand la triade qui a fait passer Ding au Royaume-Uni lui demande de trahir le policier...
Basé sur des événements et des faits divers réels (et tristes), notamment la découverte de Chinois morts dans des caches honteuses, Trafic sordide avec une histoire double, pédagogique mais sans lourdeur, montre les tenants et les aboutissants d'une terrible réalité. Le choc des cultures (il y a un passage où les deux Chinois rencontrent un homme qui les entraine sur son lieu de travail : une église. Comment prier ce Dieu crucifié ? Est-ce un dieu de vengeance ? De mort ?), les difficultés de communication (à plusieurs moments, l'inspecteur croit trouver une solution en parlant avec des Chinois mais ils sont originaires de provinces éloignées où la langue est radicalement différente de la sienne !) est montré avec soin et le personnage de la fille de l'inspecteur est une merveille d'ambiguïté. Simon Lewis a su créer une tension dramatique et noire qui va culminer dans un final dantesque. Les péripéties sont nombreuses, les personnages décrits avec soin et l'on entre avec force dans cette histoire âpre et dure, en lien avec notre monde actuel.

Nominations :
Prix du polar européen du Point 2010
Prix des lecteurs de Villeneuve lez Avignon 2010

Citation

Je vous dit que ce ne sont pas des policiers. Vous savez ce qui est écrit sur leur dos ? 'dépannage d'urgence'. Ce sont des mécaniciens.

Rédacteur: Laurent Greusard dimanche 21 mars 2010
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page