Malheur aux vaincus

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Roman - Policier

Malheur aux vaincus

Politique - Historique - Social MAJ mardi 03 décembre 2024

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,9 €

Gwenaël Bulteau
Paris : La Manufacture de livres, mai 2024
320 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-38553-073-0

Alger la Noire

Nous sommes en 1900 à Alger. Une jeune femme, d'origine juive, essaie de vivre dans sa petite boutique, depuis la mort de ses parents. Son ancien ami, Julien, devenu officier, est chargé dans Alger, en proie aux manifestations antisémites, de retrouver des assassins. Deux militaires, condamnés pour insubordination, sont utilisés pour des travaux sous la surveillance d'autres soldats. Or, ils viennent de s'enfuir après avoir liquidés leurs gardiens et toute la famille Wandell pour qui ils travaillaient. Les membres de la famille ont été sauvagement assassinés et l'officier ne sait où orienter ses recherches car il ne pense pas que les deux prisonniers sont coupables. En même temps, il enquête sur une autre affaire. Celle d'un personnage inconnu et très violent qui s'attaque à des petits usuriers. Ces derniers sont employés par des patrons qui les envoient pour récupérer les intérêts des dettes à ceux qui sont tombés sous leurs griffes. Or, trois de ces receveurs de dette ont été attaqués pour être volés et le coupable est un homme violent, peut-être aidé par des enfants qui trainent dans les rues. Y aurait-il aussi un rapport avec l'attaque de nuit au fusil contre la villa du chef local des antisémites, mené par un groupe que l'on pense composé de jeunes gens ? Et quel rapport avec les prisonniers puisqu'il semble que le "commando" ait utilisé un fusil volé aux soldats par ces derniers ? Quand Julien va voir son ancienne amie, avec laquelle il voudrait renouer (mais le passé et les mauvaises actions de ses parents envers la famille de la jeune femme ne plaident pas pour lui), et qu'il trouve chez elle une adolescente, peut-être liée à la bande d'enfants qui trouble la ville, tout devient compliqué. Surtout si l'attaque contre le chef antisémite devient l'occasion de lancer un pogrom dans la ville.

Nouveau roman de Gwenaël Bulteau, dans lequel l'auteur continue à nous proposer des intrigues policières liées au passé de notre pays, Malheur aux vaincus est de nouveau une réussite. Dans ce volet, il revient sur l'espace colonial au début du XXe siècle. Entre les mouvements antisémites qui font florès en métropole mais qui sont aussi très forts dans l'Algérie coloniale, la situation des indigènes dernière roue du carrosse, l'écrivain met au centre des soldats, garants de l'ordre et de la sécurité face à une pléthore d'éléments - des petits voleurs, les haines entre les "races", la violence sociale et la façon dont la France a aussi utilisé les colonies pour y placer des gens qu'elle ne pouvaient que difficilement contrôler, des juifs immigrés de l'Europe centrale et que l'on pense incapables de s'acclimater à la métropole, des petits truands que l'on va essayer de discipliner, par la violence, dans les casernes ou les bagnes militaires. Entre tous ces gens, c'est toute l'atmosphère de l'époque, toutes les haines recuites, les envies d'émancipation, les besoins humains, qui grouillent avec vivacité et un rendu descriptif très intelligemment monté et montré. Gwenaël Bulteau arrive ainsi à faire un roman vivant, offrant une image saisissante de l'époque, sans sacrifier une enquête policière. Un troisième volume qui confirme le talent et le sens du récit de l'auteur, pour un livre qui a toute sa place dans une bibliothèque.

Citation

Les taloches des gendarmes ne sont rien en comparaison des corrections du père qui lui enfonce sa vérité dans le crâne à coups de poing et d'insultes cuisantes. À la mort du vieux, René ne verse pas une larme.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 03 décembre 2024
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