L'Alumette de Pandore

Roman - Noir

L'Alumette de Pandore

Déterrer la vérité ou la faire exploser ?

En 1977, peut-être pour des raisons proches, vont éclater deux mouvements qui modifieront les façons de fonctionner dans l'Occident européen. Tout d'abord, c'est la montée en puissance des terrorismes d'extrême-gauche. Aux Pays-Bas, un groupuscule s'attaque à un riche personnage et l'abat en même temps que son chauffeur. Un des membres arrêté, Ben, ne nie pas son rôle et va passer des années en prison, après avoir injurié le tribunal. Lone, sa compagne, doit s'occuper seule de leurs deux enfants, un garçon et une fille, Charlotte, bébé encore. Mais un soir, elle disparait sans laisser aucune trace. C'est l'avocat de Ben qui va prendre en charge les enfants. En même temps, le mouvement punk explose et Illegal Puppets, un groupe hollandais, fait parler de lui. Mais peu à peu, les musiciens meurent dans divers accidents ou faits divers (du genre overdose, ce que l'on pourrait presque qualifier d'accident du travail !) Plus tard, en 2012, Ben est sur le point de mourir. Charlotte qui lui a beaucoup rendu visite en prison, veut en savoir plus sur ce passé qu'elle ne comprend qu'imparfaitement et surtout aimerait savoir où est passé sa mère. Pourquoi cette dernière aurait-elle fui ? La jeune femme va donc fouiller ce passé, faire remonter à la surface des choses enfouies, réveiller des éléments complexes comme le rapport hypothétique entre les terroristes et le groupe punk. Et si le groupe avait abattu l'homme riche comme victime collatérale de l'exécution du chauffeur pour des affaires plus sombres que des motivations politiques ? Quel rôle exact joue l'avocat qui semble bien modérateur des inquiétudes de Charlotte ??

Constitué de trois parties qui vont mettre au centre de l'intrigue des personnages différents (avec notamment une deuxième partie où l'on présente les années 1970 à travers une femme émigrée des Pays baltes, prostituée qui est peut-être au cœur des intrigues), L'Allumette de Pandore joue la carte du polar de manière décalée, dans un récit littéraire de qualité, qui s'amuse des semblants et faux semblants de la période de la fin des années 1970 - libération de mœurs, violence qui monte, collusions entre grand banditisme, terrorisme, mouvements sociaux ou politiques. De cette effervescence qui créé une atmosphère de brume, de brouillard sur les relations humaines et sur l'avenir des gens, Élodie Glerum présente des personnages un peu paumés, perdus dans leurs contradictions, ne les assumant pas forcément, cherchant dans de nouvelles contraintes et prisons des moyens de se libérer. L'auteure parvient à faire émerger de ce chaos, de manière fine et complexe (les fils pour comprendre qui est coupable, de quoi, avec une résolution finale qui noue des détails disséminés) une histoire et des personnages attachants, dans une intrigue littéraire de haute volée qui pourrait surprendre des lecteurs plus habitués à un travail "pré-mâché" mais qui ici s'avère très palpitante.

Citation

Le bar passe un morceau des Illegal Puppets. Cette coterie de bouffons nihilistes a eu son heure de gloire dans les années 1970, y compris auprès de mon père. J'essaie de me concentrer sur la conversation, de reprendre le fil – s'il y en a un.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 17 décembre 2024 partager : | |