Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
352 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-01-730741-9
Coll. "Black lab"
Dans le tourbillon des années trop folles
La Première Guerre mondiale a laissé des séquelles. Certaines sont durables comme les gueules cassées, d'autres ont été mises sous le boisseau comme ces expériences menées par des médecins pour "soigner" à coup d'électrochoc des soldats afin qu'ils repartent combattre. D'autres "séquelles" sont plus lointaines. Il suffit simplement de penser aux femmes qui ont acquis par le fait d'être les seules à l'arrière des droits et des métiers que les hommes aimeraient bien par la suite récupérer. Le roman va s'intéresser au sort des femmes du téléphone, les standardistes manuelles qui, à l'époque, mettent en relation les possesseurs de téléphone. C'est un travail ingrat et avec des petits chefs peu sympathiques. Certaines femmes aimeraient obtenir des droits sociaux plus conséquents. Pour en savoir plus, une jeune journaliste se fait embaucher dans ce monde des standardistes et y apprend bien des choses. Elle s'offusque entre autre que certaines jeunes femmes soient obligées après leur travail d'aller se prostituer afin de pouvoir joindre les deux bouts. L'une d'entre elles va même y trouver la mort sans que les raisons de ce meurtre soient très claires. Est-ce le "travail" d'un tueur en série qui rôde en ce moment dans la Capitale ou l'action d'un imitateur qui voulait limiter les appels à la grève que la jeune femme morte allait lancer ? Celui qui est chargé de l'enquête est un policier revenu traumatisé des tranchées. Même s'il tente de se soigner pour éviter de revivre les traumatismes qu'il a subi, et s'il n'hésite pas à utiliser de la cocaïne pour en atténuer les aspects les plus dépressifs, il est chargé d'enquêter sur ce meurtre et rencontre à cette occasion la journaliste. Une autre femme se joint à leur enquête mais c'est un rôle un peu trouble qu'elle joue. Quand des collègues du policier déposent chez lui de la cocaïne volée dans les entrepôts de la police et qu'il peut déjouer le piège, le policier se pose lui aussi des questions. Veut-on empêcher son enquête ou est-on déjà inquiet des répercussions que cela pourrait avoir avec d'autres affaires étouffées de la guerre ?
L'arrière plan historique est reconstitué avec un soin du détail méritoire et des flashbacks qui permettent d'en comprendre le sens. S'appuyant sur ce fond historique de qualité, sur la période des années folles et de ses aspects plus sombres, Shell shock est une évocation de la période qui n'oublie pas le côté policier de l'intrigue. Les deux éléments se conjuguent de façon intelligente pour créer un polar historique de qualité, peuplé de personnages bien dessinés et crédibles, sur une intrigue classique mais menée avec soin et dans ses développements complexes. Un roman bien construit, qui ne prend pas ses lecteurs pour des idiots et leur offre à la fois une histoire romanesque sérieuse, une description des événements et de la période intéressante et des personnages qui ne sont pas de simples silhouettes. Un livre écrit par Michaëla Watteaux de bien belle manière.
Citation
Je me souviens des obus qui pleuvent, des hurlements des camarades pour se donner du courage et des rats gros comme des lièvres qui cavalent parmi les cadavres. Je me souviens de l'argile qui glisse sous mes godillots, de mes doigts fouillant la paroi qui s'effrite. Je serre les dents.