Oscar Wilde et le cadavre souriant

Ils n'y ont trouvé qu'un cadavre enveloppé dans son linceul, déjà en train de se corrompre, reprit-elle. Somme toute, une fin banale et nauséabonde pour un être sans importance.
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Roman - Policier

Oscar Wilde et le cadavre souriant

Historique - Énigme MAJ mercredi 21 avril 2010

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 13,5 €

Gyles Brandreth
Oscar Wilde and the dead Man's Smile - 2009
Traduit de l'anglais par Jean-Baptiste Dupin
Paris : 10-18, février 2010
420 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-264-04651-2
Coll. "Grands détectives"

Oscar Wilde enquête à Paris

Le récit de la troisième enquête menée par l'écrivain irlandais débute la veille de Noël 1890, quand il va rejoindre Conan Doyle au musée Tussaud. Passant près d'une figure de cire, il met en garde Robert Sherard, son ami et "Watson", qui l'accompagne : "Ne faites jamais confiance à un homme dont le sourire dévoile les dents inférieures." Oscar remet à Doyle un manuscrit qui relate sa vie entre 1882 et 1883. Il est parti aux États-Unis pour une série de conférences sur l'esthétisme. Si la tournée commence avec un succès mitigé, elle se termine triomphalement. Au cours de son périple, il rencontre un joueur de cartes professionnel qui le sauve de voleurs. C'est de retour à New York qu'il rencontre Edmond La Grange, acteur et directeur d'une troupe de théâtre. Il a vu celui-ci sur scène, dans sa jeunesse, et l'admire beaucoup. L'acteur veut monter Hamlet à Paris et propose à Oscar de travailler, avec lui, sur la traduction. N'ayant pas d'attache, ni d'engagement, il se laisse convaincre. À l'embarquement, il est surpris de retrouver le joueur professionnel près d'Edmond qui le présente comme son secrétaire. Mais La Grange est connu comme un joueur impénitent. C'est en arrivant à Liverpool que se produit un incident. Le chien de la mère d'Edmond a disparu. On le retrouve dans la malle d'Oscar, une malle remplie de terre, où l'affreux clébard est mort étouffé. Après quelques heures passées avec des enquêteurs, le romancier retrouve sa liberté de mouvements. Quelques jours après, il s'installe à Paris et rencontre Robert Sherard, qui devient son ami et biographe. Ils mènent une vie débridée, fréquentent les milieux du théâtre, Sarah Bernhardt... Une nouvelle mort étrange, dans le théâtre, réveille l'instinct d'enquêteur chez Oscar. Et, peu à peu, la situation se dégrade...

Ce troisième opus des enquêtes prêtées à l'écrivain est l'occasion, pour Gyles Brandreth d'approfondir encore sa personnalité, de nous faire côtoyer le milieu du spectacle parisien à la fin du XIXe siècle et partager la vie d'une troupe théâtrale. Il restitue avec minutie le comportement d'individus dans un groupe où l'ego surdimensionné et hypersensible du chef crée des rapports de dépendance, de soumission très forts. Il greffe quelques figures réputées de la vie parisienne de cette époque comme Sarah Bernhardt, le poète Maurice Rollinat, le peintre Jacques-Émile Blanche... Mais la figure incontournable reste Oscar Wilde qui affine sa personnalité, affirme peu à peu sa conception de la vie, affiche l'esthétisme dont il ne se départira plus, sa recherche éperdue du plaisir, sa fascination pour les déviances. Gyles Brandreth donne la véritable dimension du personnage, telle qu'on peut la ressentir à la lecture de ses romans, pièces de théâtre et essais. L'auteur met en scène la figure de l'auteur avec beaucoup de pertinence et d'à-propos.
Il conçoit une enquête dont l'intrigue, si elle paraît un peu alambiquée, est a la hauteur de l'esprit de l'enquêteur : subtile, précieuse, érudite, pleine d'ironie et d'humour. Elle met en avant, de façon pertinente les liens, les secrets qui peuvent lier un groupe de personnes réunies depuis une longue période par une passion commune. Oscar Wilde et le cadavre souriant est une réussite, un livre qui se laisse dévorer avec délectation.

Citation

Oscar partageait la fascination de Rollinat pour les déviances et se délectait du mépris qu'affichait ce dernier pour la morale conventionnelle.

Rédacteur: Serge Perraud jeudi 15 avril 2010
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