40 ans, 6 morts et quelques jours

- Et pour mon père, comment saviez-vous qu'il avait une liaison ? - Google ! Tout n'est pas déductible, Watson...
Sanaa Hamri, Seith Mann, John Polson, Andrew Bernstein, John David Coles & Peter Werner - Elementary
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

samedi 20 avril

Contenu

Roman - Policier

40 ans, 6 morts et quelques jours

Tueur en série MAJ dimanche 19 décembre 2010

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 12 €

Voir plus d'infos sur le site livresque-du-noir.fr (nouvelle fenêtre)

Victor Rizman
Charbonnières-les-Bains : Emotion Works, février 2010
292 p. ; 21 x 13 cm
ISBN 978-2-9533461-0-7

Du bon usage de la pâtée pour chiens

Un publiciste est chargé de concevoir et d'animer une campagne dans les supermarchés afin de vendre de la nourriture pour chiens. Lorsqu'il rentre à la maison, il rencontre une femme dépressive qui rêve de tricots et une fille majorette. De retour à son travail, il est confronté à une vieille strip-teaseuse qui se trémousse, présent de ses collègues pour ses quarante ans. Son meilleur ami lui propose un l'adultère, et il se révolte ! Il va se faire passer pour une femme sur Internet, et draguer des hommes qu'il tuera et découpera en morceaux, le tout en liaison avec un site WWW qu'il va créer pour montrer ses exploits ! Joël Schmidt, un policier dépressif, et Sanglar, un journaliste borderline vont alors essayer de se mesurer à lui.
La thématique policière majeure de ces dernières années est sans nul doute celle du tueur en série. Les auteurs ont choisi divers angles d'attaque pour s'y glisser et et se différencier en se focalisant sur des axes différents : renforcement du gore, détails procéduriers pour les arrêter, tueurs inspirés par la Bible, les mythes grecs ou la série des Bisounours... Victor Rizman décide de s'y coller en changeant l'angle, de telle sorte qu'il est très difficile d'en parler sans dévoiler le sens profond de l'intrigue. En tout cas, pour renouveler une thématique, il est vrai que reprendre la même histoire en faisant un pas de côté comme il le fait est une grande gageure. Rizman tient bien son parti pris de suspense et de chute à étages. Comme une poupée russe ou un oignon, diverses couches se dévoilent dans les derniers chapitres. Les deux autres personnages sont assez décalés eux aussi pour renforcer l'étrangeté centrale : le policier a visiblement eu maille à partir avec un président de la République de petite taille et se console dans les bras d'une belle et jeune fille au pair ; le journaliste est un Marc Covet (celui des "Nestor Burma") encore plus déplumé et plus lamentable que l'original.
Le personnage central est un publiciste : le roman se devait de jouer aussi sur les apparences et tous les détails de la vie professionnelle, obligé de faire des casting de grands comédiens pour trouver celui qui ira faire de la vente sur site (vous savez les personnes que l'on croise au détour d'un rayon de supermarché et qui essaient de vous faire goûter un café ou de la pizza réchauffée) et sera capable de développer des phrases pour exciter les ménagères qui viennent acheter du Canigou ! Cette alternance entre dérision assumée, intrigue tracée au cordeau et atmosphère où tout suinte l'ennui de cette province française (le tueur en série essaie de relancer un culte égyptien en mélangeant la quête d'Osiris, les scarabées et les souvenirs d'une croisière en Égypte, ce qui fait encore plus ressortir l'ambiance putride des chambres d'hôtels minables où les victimes se font découper en morceaux) fait de 40 ans, 6 morts et quelques jours (un titre superbe et qui reflète bien cette ambivalence entre sauvagerie froide et ironie) un roman intelligent et prenant.

Nominations :
Prix Polar 2010

Citation

J'aimerais pouvoir parler, mais j'ai la langue bétonnée par des années de silence, la bouche collée par la honte. De temps en temps, du coin de l'œil, elle me regarde pleurer et ne rajoute rien. Le silence est encore plus incisif que ses phrases.

Rédacteur: Laurent Greusard dimanche 18 avril 2010
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page