CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 18.9
INFORMATIONS LIVRE
ISBN : 978-2-35887-028-3
Nombre de pages : 248
Format : 14x23cm
Année de parution : 2012
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6 / 10

91700 Fleury-Mérogis

Concentré d'humanité

Il y a une incompréhension entre les générations. Et ce depuis que les générations existent. Il faut bien reconnaître qu'aujourd'hui le phénomène s'accélère. Alors pourquoi le monde des gangsters échapperait-il à cette accélération ? Franck Chevillard a été formateur en prison, et a assisté à ces mutations. Il tente d'en rendre compte, à travers Bouvac Diop, Jean Ambrogioni et Ahmad, trois personnages emblématiques, se mettant même en face, de façon extrêmement narquoise.

Boubaca Diop est un jeune récidiviste des cités et donc emprisonné, lâché au milieu des fauves de Fleury-Mérogis. Il partage la cellule de Jean Ambrogioni, un gangster de la vieille école qui aimerait l'aider. Car malgré sa maladie en phase terminale, cette figure du grand banditisme voit bien que l'Organisation essaye de mettre la main sur lui. L'Organisation c'est la nouveauté, un groupe ethnico-religieux qui essaye d'introduire la lutte de l'Islam dans les prisons. Ladji, justement, est la cheville ouvrière de l'Organisation. Et il a dans le collimateur Ahmad, un prisonnier à part. Ancien taliban, intellectuel, Ahmad a trahi le commandant Massoud, et a fui l'Afghanistan avec des objets dérobés dans les musées.

Description aiguë des trois personnages, rendue dans leur complexité, le roman est resserré sur la prison. Stylistiquement, tous les éléments se répondent. Des encarts montrent comment Fleury-Mérogis, prévue comme prison modèle, s'est peu à peu dégradée, et renvoient aux dégradations individuelles. L'univers de Jean Ambrogioni, homme à la Lino Ventura, se disloque sous la maladie ; la vie d'Ahmad n'est qu'une longue chute. Boubaca Diop, au départ le plus mal loti – symbolisé par une chanson rap qu'il essaye de composer -, bénéficie des aides des deux autres, en profite mais personne, lui inclus, n'en tirera aucun bénéfice. Sans doute parce qu'il n'y a dans notre monde moderne aucune reconnaissance, aucune échappatoire, et que seul un peu de poésie ou d'éthique peuvent en adoucir la fin.

Article initialement paru le 28 novembre 2012
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
Trois émeutiers sont menottés pieds et mains façon brancard et transférés vers les cellules du quartier disciplinaire.
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