Une jeune fille est retrouvée assassinée sur un bord de route en Suisse, son cœur remplacé par une pierre. Nathan Redlink, l’inspecteur chargé de cette enquête difficile en pleine zone rurale, se confronte aux taiseux du coin. Il va surtout découvrir des inimitiés cuites et recuites, si profondément installées dans la mémoire locale de quelques personnes, que peu de gens peuvent remonter à l’origine des brouilles et des disputes qui expliqueraient un tel meurtre. De plus, des pistes diverses voient le jour et il est difficile de voir s’il s’agit d’un crime local ou d’un règlement de compte exporté de la « grande ville ». Qui plus est, le policier célibataire commence à avoir de tendres penchants pour une pasteure alors que le crime pourrait être lié à son ministère.
L’intrigue de ce premier roman de Vanessa Trüb est bien menée et se compose de deux parties alternantes – l’une consacrée à l’enquête et l’autre revenant sur le passé en explicitant les « motivations » du tueur. L’auteure, elle-même pasteure dans l’Église protestante, a su rendre compte et décrire avec soin la vie villageoise, les petites mesquineries et l’ambiance rurale (sans doute une constante des mondes paysans non spécifique à la Suisse). L’ensemble de l’histoire, classique, fait penser aux (meilleurs) épisodes de séries télévisées comme « Meurtres à… » qui parviennent à évoquer un lieu et des personnages vivants à travers une intrigue policière suffisamment dynamique pour conserver l’intérêt du lecteur. Si le canevas est usé, Vanessa Trüb le reprend en y imposant sa patte.