CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 6
INFORMATIONS LIVRE
Édité chez
ISBN : 978-2-08-133574-5
Nombre de pages : 126
Format : 13x19cm
Année de parution : 2013
Titre original : Rides A Stranger
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8 / 10

La Cavale de l’étranger

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Des étrangers dans notre propre maison

La relation entre un père et son fils fait partie des thèmes majeurs hantant la littérature, et plus particulièrement la littérature américaine. Traité dans tous les genres, il n'y a donc pas de raison qu'elle ne soit pas aussi au cœur des problématiques du roman policier. Dans ce court roman de David Bell, Don Kurtwood est un universitaire qui vit dans une petite ville, éloigné de ses parents lorsqu'il reçoit un coup de téléphone de sa mère lui annonçant la mort de son père. Cet homme semblait un être transparent, sans consistance, et de fait Don Kurtwood n'avait jamais accroché avec lui, malgré son aspect père aimant et attentionné – il faut souligner que c'était de manière distante. À peine Don est-il sur place, se préparant à l'enterrement, qu'il reçoit la visite de Lou Caledonia, un bouquiniste spécialisé dans les livres rares, qui a des choses à lui dire sur son père. Rendez-vous est pris pour le lendemain. Mais lorsque Don se rend chez cet informateur, il ne découvre que son cadavre. Quel secret pouvait bien cacher ce père ? Quel rapport cela avait-il avec la littérature ? En effet, même s'il lisait, il ne possédait aucun livre rare qui aurait pu intéresser un spécialiste…
Le personnage central est lui même un universitaire un peu falot sans grande consistance, et il aurait été impossible de le transformer en super-héros ou simplement en détective futé pour résoudre le mystère. Aussi, ce sont les indices qui vont venir à lui. Les différents protagonistes vont lui révéler différents aspects du secret. Au final, Don Kurtwood découvre une autre personnalité, tout aussi attachante, de son père. Cela se construit par petites touches, tranquillement, avec soin et modestie, dans une histoire menée avec grâce et délicatesse. Pas de tremblements, de coups de feu ou de révélations fracassantes, mais la description fine et minutieuse de la façon dont on peut passer à côté des gens qui vous entourent sans bien comprendre qui ils sont réellement.
La Cavale de l'étranger n'est pas une réplique du Faucon maltais où l'on cherche un objet précieux, et le livre que pouvait posséder le père n'est pas un incunable qui va rendre milliardaire (ou révéler un secret théologique, mystique ou ésotérique), mais ce n'est pas non plus un livre anodin. C'est tout le condensé d'une vie et même de plusieurs – de vies qui auraient pu bifurquer vers autre chose. C'est tout le goût de la mélancolie qui suinte des dernières pages, une mélancolie douce et non amère, le goût des rêves et du passé.

Article initialement paru le 10 septembre 2015
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
La vérité, c'est que je ne savais pas quoi faire pour lui. Même quand il était au mieux de sa forme et en pleine possession de sa voix, on n'avait jamais eu grand-chose à se dire.
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