CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 11.9
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ISBN : 978-3-8313-2828-4
Nombre de pages : 238
Format : 12x20cm
Année de parution : 2014
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8 / 10

La Mort en souvenirs

Série :

Maurer, pour des idées

Il existe toute une partie de la littérature policière qui joue avec la notion même de l'écrivain. Le narrateur devient alors un écrivain à qui il arrive des aventures policières, voire qui est confronté à des personnages peu reluisants qui tentent de mettre en scène ses descriptions et ses scénarios mortels tout en ne sachant pas qu'ils peuvent commettre alors entres autres crimes une métalepse narrative. Souvent, d'ailleurs, le romancier en question est complexé, mal dans sa peau, au bord d'un précipice qu'il a lui-même contribué à créer, en panne d'inspiration. Peut-être parce que c'est ainsi que se voient nombre d'écrivains. Toujours est-il que cette introduction vaut évidemment parce que ce roman de Pascal Hérault est une enquête littéraire, une enquête dans son roman à partir de son roman.
Ancien flic, qui a quitté la police suite à une bavure, Alex Maurer se trouve à Trouville. Écrivain reconnu, il vient signer son dernier ouvrage, et en profite pour sympathiser avec une autre auteur, mais bon comme il vient de rencontrer la fantasque Carine, il ne veut pas courir deux lièvres à la fois. Et cela tombe particulièrement bien (sic !) puisque les deux jeunes femmes disparaissent et que la police commence à s'intéresser de très près à cet Alex Maurer. Lorsqu'il reçoit des messages anonymes inquiétants, il comprend qu'un piège insidieux, proche des péripéties qu'il décrit dans ses romans, se met en place. Mais comment pourra-t-il faire pour s'en sortir ?
Sur un thème analogue, Stephen King aurait joué l'angoisse, les grands espaces, et aurait insisté sur les effets. Pascal Hérault, lui, a choisi l'insidieux, une petite ville de Normandie, la plage, les restaurants et les salons de thé feutrés. Tout son style glisse sur les détails, égare l'œil du lecteur, lui propose des demi-teintes, des zones brumeuses (sans doute est-ce la raison pour laquelle les personnages consomment avec force conviction de l'alcool), refuse le clinquant fantastique pour concentrer son intrigue sur les impressions de son écrivain, sur cette douceur provinciale et cette bourgeoisie désuète.
Au sein de cette intrigue, par contraste, nous suivons Alex Maurer qui oscille entre une maîtresse fantasque et une romancière avec qui il pourrait faire un brin de route. Il choisira une femme qui l'a quitté mais qui revient… Les personnages apparaissent extrêmement bien dessinés, silhouettes impeccables, ensemble de gens en perdition lente, englués dans une vie qui les dépasse. Pascal Hérault divertit avec une jolie intrigue et des personnages plaisants. Que demander de plus ?

NdR – Pascal Hérault n'est pas que romancier. Il sévit également en ces pages. Aussi, votre rédacteur prend-il le risque d'être taxé de subjectivité…

Article initialement paru le 19 décembre 2014
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
Eh bien, tant que cela reste de la fiction, ça ne fait de mal à personne, n'est-ce pas ?
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