Partouzes, sodomies, fellations, le tout sous l'œil de caméras. Des ingrédients qui peuvent rendre un roman excitant. Sauf quand les acteurs sont des enfants. Aurélien Molas s'attaque à un sujet difficile et controversé. La pédophilie et ses trafics de vidéos. Ce qui aurait pu être un livre versant avec facilité dans le voyeurisme, le sordide et le licencieux se révèle être un récit fascinant, qui dévoile sans concessions les perversités les plus abjectes de la nature humaine.
Alors que la France est au bord d'une guerre civile, et que les émeutes se multiplient, des cartons de dvd pédophiles sont découverts sur un cargo. La qualité de fabrication des supports laisse à supposer un trafic de grande envergure. Au même instant, deux jeunes filles se suicident sous un métro. Mais est-ce bien un suicide ? Deux affaires éprouvantes qui vont pousser les différents enquêteurs sur une même piste et à devoir tutoyer les immondices de la pédopornographie. Pas de répit dans ce roman, effroyable course contre la montre pour sauver des enfants de l'horreur. Dans la première partie, l'auteur crache sa rage au travers de phrases courtes, d'une écriture nerveuse dans laquelle filtre une souffrance palpable. Cette partie semble être l'antidote qui permet à Aurélien Molas de se défaire du poison qui l'habite afin d'entamer la seconde partie du roman apaisé, plus serein. Malgré la multiplicité des actions et des personnages, l'ensemble reste fluide et s'appuie sur un vocabulaire riche et varié. Le lecteur est happé, embarqué dans un voyage infernal, où lui comme les protagonistes ne ressortiront pas indemnes. La Onzième plaie est un livre qui dérange. Et c'est tant mieux.