Lors d’un spectacle de fantasia, quinze cavaliers en gandouras chargent, s’arrêtent au dernier moment devant une tribune et tirent à blanc. Pourtant, ce jour-là, les quinze cavaliers ont tiré comme un seul homme sur un certain Arsalom, assis au premier rang de la foule. Et Arsalom meurt. Visiblement toutes les balles n’étaient pas inoffensives. Le narrateur, qui a assisté à l’événement alors qu’il était enfant, revient sur l’histoire de la fantasia, sur son rôle dans la vie des Berbères, et sur le passé de cet Arsalom qui a été abattu. Cette partie du texte va alors permettre de montrer comment on peut toujours compter sur un corrompu puis tout corrompre autour de lui et s’enrichir (en donnant des miettes à des amis), le tout avec une ironie cinglante.
Les différents éléments – la biographie d’Arsalom, certaines de ses combines, des retours historiques sur la tradition de la fantasia, une réflexion sur l’intérêt culturel et le rapport de cette cavalcade avec la civilisation – sont présentés en quelques pages. Avant que le côté théorique, documenté, puisse devenir pesant, l’auteur s’oriente vers l’évocation, drôle, d’un magouilleur, avant de revenir à des détails plus quotidiens sur le sens de la fantasia. Mené avec soin, construit pierre à pierre pour captiver le lecteur, ce nouveau roman de Fouad Laroui confirme combien cet écrivain est un grand conteur. Rompu à l’art de raconter, il nous offre une œuvre intelligente et sensible.