CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 19.9
INFORMATIONS LIVRE
Édité chez
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ISBN : 978-2-213-63703-7
Nombre de pages : 316
Format : 16x24cm
Année de parution : 2000
Titre original : Quinn
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8 / 10

Trois accidents et un suicide

Série :
Auteur :

Une variation truandesque du Prince de Machiavel

Personne ne connaît réellement Gerd. Homme discret, il est pourtant un manipulateur et un organisateur de premier plan, construisant comme des chefs d'œuvre ses affaires criminelles. Il est parvenu à rester dans l'ombre. Il met au point un nouveau plan diabolique qui doit lui permettre de développer l'entreprise de son associé, le parrain local. Mais sa vie conjugale agitée risque de lui mettre des bâtons dans les roues.
Le roman raconté à la première personne dissèque avec humour et un cynisme consommé les plans machiavéliques de Gerd pour s'enrichir, apparaître sous le meilleur jour possible. Au cœur de l'intrigue, à un moment donné, il faut pour envoyer la police sur une fausse piste trouver un complice qui sera éliminé et dont le corps sera caché. Gerd choisit pour ce rôle funèbre un prêteur sur gages ce qui lui permet de lui emprunter de l'argent sachant qu'il ne le remboursera pas.
Trois accidents et un suicide se présente donc comme une variation truandesque du Prince de Machiavel. Les clins d'œil sont constants : le personnage central s'annonce comme un écrivain auprès d'un médecin légiste afin de discuter de la meilleure façon de tuer quelqu'un en faisant passer le crime pour un accident. L'affaire est délicate car il lui faut tuer trois membres de la même famille dans les mêmes heures. Au final, l'écrivain en présentant l'ensemble des efforts de Gerd comme une suite d'activités intelligentes et où il mouille sa chemise pour atteindre la perfection parvient à le rendre sympathique, et l'on en vient à pester contre ses victimes qui mettent une mauvaise volonté à mourir dans les conditions qu'il a fixées.
Cet aspect sympathique est renforcé par la mauvaise foi contagieuse du narrateur : ce n'est pas de sa faute s'il a une maîtresse car c'est son épouse qui prend la mouche trop facilement. Elle le quitte et elle veut garder les enfants ? Eh bien il va la faire plonger pour trafic de drogue. Il veut cacher ses affaires ? Il met une bombe devant une école pour menacer une journaliste (alors que c'est l'école même de ses enfants !). Quoi l'école de ses enfants ?
Justement qui irait le suspecter ? À chaque étape, pour s'en sortir, il plonge dans l'abjection et le lecteur sourit devant cette volonté qui se perpétue, devant cette force en action sans se poser jamais de questions sur la légitimité même des dites actions, ce qui prouve la force du roman dans cette description implacable, rapportée sur un ton ironique constant.

Article initialement paru le 29 septembre 2010
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
C'est pratique d'emprunter de l'argent à quelqu'un quand on sait qu'il ne vivra pas assez longtemps pour vous le réclamer.
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