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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Pierre Bondil
Paris : Rivages, janvier 2014
270 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-2693-8
Coll. "Thriller"
Petits reins
Depuis longtemps Elmore Leonard n'avait plus rien à prouver. En vieillissant, le romancier américain allait plus vers l'épure, se concentrant sur ses trames et l'essentiel de son propos. Déjà peu adepte des boursouflures, l'homme préférait de loin s'intéresser à l'ossature de ses textes. Ce resserrement de son travail auquel il nous avait habitué est particulièrement mis en avant dans Raylan : les scènes de crimes sont reléguées en arrière-plan, quand elles ne sont pas juste rapportées par un témoin ou signalées par quelques phrases de dialogues autour des bandeaux rouges symbolisant la scène de meurtre. Beaucoup de scènes se trouvent en hors-champ comme ce début qui raconte un prélèvement d'organes sur une victime, décrit uniquement par quelques phrases de l'inspecteur chargé de résumer la situation pour la victime coincée sur son lit d'hôpital.
Souvent, dans les roman japonais, la temporalité n'est pas la même qu'en celle des occidentaux. Là où nous aimons une histoire composant la narration classique, un début, un milieu et une fin, ils préfèrent développer une tranche de vie : nous entrons de plain-pied chez un personnage constitué, nous suivons quelques aventures et nous le quittons avec des indications et des pistes sur ce qui pourra advenir. C'est aussi le cas avec ce Raylan Givens, marshal chargé d'enquêter sur un trafic d'organe (une affaire qui se résout au milieu du roman), puis censé être le garde du corps d'une businesswoman dont le but est d'ouvrir des mines de charbon malgré les risques écologiques liés.
Ces deux bizarreries stylistiques, auquel il convient d'ajouter les intentions de Elmore Leonard de décrire par des dialogues, crée ainsi un roman très visuel, autour d'un personnage intemporel (sorte de cow-boy prêt à dégainer, mais qui a compris qu'il devait pousser le criminel à sortir son arme pour l'abattre en légitime défense). Le roman devient une promenade calme, une sorte de film tarantinesque, mais sans violence, avec un développement limpide et imagé, comme un tableau dressé par un maître chinois en deux coups de pinceaux, ou un haïku noir étiré à l'extrême, avec des personnages-ombres que l'on semble retrouver, sous différents noms, d'un roman à l'autre.
Citation
- Ils ont empoché ce qu'il leur a payé pour la came, si on en croit ce qu'il raconte, et ils l'ont laissé crever sur place.
- Il a pas mentionné qu'ils lui ont piqué ses reins ?