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Tout public
Introduction de James Thomas Grady
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Hubert Tézenas
Paris : Rivages, octobre 2022
238 p. ; 20 x 12 cm
ISBN 978-2-7436-5828-1
Coll. "Noir"
Être parano n'empêche pas les ennemis
Le fameux Condor qui avait chamboulé l'histoire du roman d'espionnage (ou du film du même genre) a vieilli et James Grady avait raconté d'autres épisodes de sa vie. À présent, il est réfugié dans une maison, hyper protégé, avec sa femme Merle. Il est devenu le patron d'un groupe secret qui s'occupe de la cybersécurité et surtout surveille les manipulations diverses et variées que fabriquent les ennemis. Ce volet s'appelle Roulette russe car il s'agit de six textes comme autant de balles dans un barillet. La dernière nouvelle s'achève même comme une partie de roulette russe possible. Ces six textes se proposent donc de présenter six périodes, six étapes, six aventures de la vie de Condor. Bizarrement, les nouvelles 1 et 3 commencent d'ailleurs par la même intrigue, puisqu'un traître a réussi à infiltrer le groupe et qu'il vient dans la maison pour tuer Condor. Ce dernier a encore de beaux jours, va fuir deux fois et retourner la situation à son avantage, comme s'il s'agissait de deux versions de la même intrigue, deux suites possibles et uchroniques (même si rien n'est explicité). Dans une autre histoire, Condor rencontre un agent du FBI afin de voir s'il pourrait intégrer la direction du groupe lorsque le Condor se retirera. Une autre nouvelle évoque une rencontre qui manque de mal finir avec un espion russe passée à l'Ouest et qui connait de nombreux secrets, y compris pour la fabrication de fake news et de créations de scandales sur Internet. Une autre nouvelle décrit la rencontre entre un autre possible futur directeur de son groupe. Enfin, la dernière nouvelle met face-à-face le Condor et Merle qui a du mal à supporter ce culte du secret dans lequel elle vit. Une préface très précise permet d'exposer la naissance du Condor, les angoisses d'un écrivain, son rapport au monde américain. Il faut bien reconnaitre que ce recueil de textes indépendants mais se situant dans les mêmes lieux et avec des personnages centraux similaires n'apporte pas grand-chose à la saga du Condor. Ceux qui attaqueraient leur lecture par ce volet risquent même une grande déception, tant tout n'y est qu'allusions, scènes lentes et avec des discours alambiqués. Même si l'idée que la Russie est l'ennemi intime du monde et que ses manipulations sont le meilleur moyen de faire s'effondrer l'Occident de l'intérieur en appuyant sur ses faiblesses, en rendant tout discours étrange et trop complexe, en provoquant la haine de chacun contre chacun, ce qui empêche toute volonté, est décrite avec force et est évidente, cela se noie dans des entretiens, des promenades, des faux semblants qui en perturbent le sens, ce qui pourrait compliquer des lecteurs qui ne seraient pas habitués à l'auteur. C'est brillant, fin, très intelligent et jouant avec les codes, plus littéraire sans doute que de coutume. À réserver aux admirateurs de James Grady ou à conseiller pour la longue préface qui parle d'une carrière d'écrivain.
Citation
Il se pencha en avant - en maudissant la raideur de ses six décennies - sangla un couteau de combat sous son jean noir délavé. Vérifia que ses baskets noires étaient bien lacées.