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Inédit
Tout public
Traduit du suédois par Rémi Cassaigne
Paris : Albin Michel, mars 2011
426 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-226-22060-8
Coll. "Thrillers"
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- 01/02 Édition: Parutions de la semaine - 1er février
- 18/01 Édition: Parutions de la semaine - 18 janvier
- 22/04 Radio: Cercle de sang sur Télérama.fr
Dans le soixante-huitième Cercle polar de Télérama - à écouter ici en baladodiffusion - Michel Abescat, entouré de Guillemette Odicino et de Christine Ferniot, présente deux romans "sanglants" et un essai qualifié de "cerise sur le gâteau" tant il a été apprécié...
Le mot "sang" dans le titre de chacun des deux romans a semble-t-il suffi à déterminer que le "thème" de l'émission serait "un voyage sanglant". Mais deux livres pour un thème c'est peu - car le troisième ne s'inscrit même pas dans cette thématique. Du sang, donc : celui que Johan Theorin fait sourdre des pierres, ceux qui se mêlent et brûlent dans le premier roman de l'auteur sud-africain Roger Smith (qui comptait parmi les invités du festival Quais du polar 2011)... et celui que l'on devine présent mais qui ne l'est peut-être pas toujours dans les "affaires" dont traite Bruno Fuligini dans son essai sur la police des écrivains.
Les trois chroniqueurs confrontent agréablement leurs lectures ; la discussion est de mise, pas de consensus mou - le roman de Johan Theorin suscite des avis mitigés - mais quand il y a unanimité on ne feint pas de finasser - l'enthousiasme est univoque autour du roman de Roger Smith et de l'essai de Bruno Fuligini.
À vous de lire et de vous forger votre propre avis...
- Le Sang des pierres de Johan Theorin (traduit du suédois par Rémi Cassaigne), Albin Michel
- Mélanges de sangs de Roger Smith (traduit de l'anglais - Afrique du sud - par Mireille Vignol), Calmann-Lévy
- La Police des écrivains, de Bruno Fuligni, Horay
Liens : Johan Theorin |Quais du Polar
Un trompe-l'œil scandinave
Vous êtes vous déjà installé au volant d'une voiture, une grosse berline, avec cette sensation que même à cent cinquante kilomètres par heure vous vous trainez sur la route ? Lire Le Sang des pierres c'est l'effet inverse. On circule à bord d'une petite citadine, à quatre-vingt kilomètres par heure, ça vibre, on tressaute, avec l'impression de rouler à fond la caisse. Johann Théorin nous offre un roman en trompe-l'œil, et joue avec nos perceptions en brisant ce qui fait la caractéristique du polar nordique, la lenteur. Pourtant, on est loin du "pageturner" et des rythmes trépidants de certains romans. En privilégiant des chapitres courts, et en alternant subtilement narration du passé et du présent pour chacun des protagonistes, l'auteur réussit à nous procurer un sentiment d'accoutumance. Un besoin de tourner les pages et de connaitre la suite du récit.
À quatre-vingt-cinq ans, Gerloff vit dans une maison de retraite. Persuadé qu'il sera le prochain à quitter l'établissement entre quatre planches, il décide de regagner sa maison sur l'île d'Öland pour y finir ses jours. Vendela Larsson et son mari Max viennent prendre possession de leur villa sur l'île. Lui pour y commencer la rédaction d'un livre de recettes, elle pour retrouver la lande de sa jeunesse. Peter Mörner a deux enfants, Jesper et Nilla, des jumeaux. Nilla gravement malade est hospitalisée au moment où il décide de s'installer lui aussi sur l'île, dans une vieille maison dont il a hérité. Alors que Gerloff va se plonger dans les carnets intimes de sa défunte femme, que Vendela va replonger dans les souvenirs de son enfance, Peter va devoir prendre en charge son père, Jerry, ancien personnage sulfureux de la pornographie suédoise. Dans un lieu bercé par la mythologie, entre elfes et trolls, passé et présent de chacun vont se télescoper pour donner un éclairage et une vision bien différents de ce que laissent supposer les apparences.
Johan Théorin distille avec parcimonie les ingrédients nécessaires pour capter l'attention du lecteur. Un polar construit sur les bases d'une rapide lenteur, une sorte de "Lièvre et la Tortue" littéraire. Si rien ne sert de courir, l'auteur réussit à faire partir son roman à point.
Citation
Nous autres humains avons peur de tant de choses et considérons souvent la nature comme hostile. Un serpent dans l'herbe nous donne des sueurs froides, nous effraie, nous fait penser au serpent du jardin d'Éden, croire que nous sommes tentés, que notre monde est menacé, et ainsi de suite.