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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du suédois par Rémi Cassaigne
Paris : Albin Michel, mars 2011
426 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-226-22060-8
Coll. "Thrillers"
Un trompe-l'œil scandinave
Vous êtes vous déjà installé au volant d'une voiture, une grosse berline, avec cette sensation que même à cent cinquante kilomètres par heure vous vous trainez sur la route ? Lire Le Sang des pierres c'est l'effet inverse. On circule à bord d'une petite citadine, à quatre-vingt kilomètres par heure, ça vibre, on tressaute, avec l'impression de rouler à fond la caisse. Johann Théorin nous offre un roman en trompe-l'œil, et joue avec nos perceptions en brisant ce qui fait la caractéristique du polar nordique, la lenteur. Pourtant, on est loin du "pageturner" et des rythmes trépidants de certains romans. En privilégiant des chapitres courts, et en alternant subtilement narration du passé et du présent pour chacun des protagonistes, l'auteur réussit à nous procurer un sentiment d'accoutumance. Un besoin de tourner les pages et de connaitre la suite du récit.
À quatre-vingt-cinq ans, Gerloff vit dans une maison de retraite. Persuadé qu'il sera le prochain à quitter l'établissement entre quatre planches, il décide de regagner sa maison sur l'île d'Öland pour y finir ses jours. Vendela Larsson et son mari Max viennent prendre possession de leur villa sur l'île. Lui pour y commencer la rédaction d'un livre de recettes, elle pour retrouver la lande de sa jeunesse. Peter Mörner a deux enfants, Jesper et Nilla, des jumeaux. Nilla gravement malade est hospitalisée au moment où il décide de s'installer lui aussi sur l'île, dans une vieille maison dont il a hérité. Alors que Gerloff va se plonger dans les carnets intimes de sa défunte femme, que Vendela va replonger dans les souvenirs de son enfance, Peter va devoir prendre en charge son père, Jerry, ancien personnage sulfureux de la pornographie suédoise. Dans un lieu bercé par la mythologie, entre elfes et trolls, passé et présent de chacun vont se télescoper pour donner un éclairage et une vision bien différents de ce que laissent supposer les apparences.
Johan Théorin distille avec parcimonie les ingrédients nécessaires pour capter l'attention du lecteur. Un polar construit sur les bases d'une rapide lenteur, une sorte de "Lièvre et la Tortue" littéraire. Si rien ne sert de courir, l'auteur réussit à faire partir son roman à point.
Citation
Nous autres humains avons peur de tant de choses et considérons souvent la nature comme hostile. Un serpent dans l'herbe nous donne des sueurs froides, nous effraie, nous fait penser au serpent du jardin d'Éden, croire que nous sommes tentés, que notre monde est menacé, et ainsi de suite.