La Commedia des ratés - Première partie

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Bande dessinée - Noir

La Commedia des ratés - Première partie

Religieux - Arnaque MAJ mercredi 13 avril 2011

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 14,7 €

Olivier Berlion (scénario & dessin)
Scénario adapté de l'œuvre de Tonino Benacquista
Paris : Dargaud, février 2011
74 p. ; illustrations en couleur ; 32 x 25 cm
ISBN 978-2-205-06355-4

Actualités

  • 21/06 Radio: Ondes noires très graphiques...
    Quatre albums et deux romans : ce quinzième épisode d'Ondes noires, diffusé le mercredi 1er juin sur Agora FM, est résolument graphique - encore convient-il de noter que les quatre bandes dessinées présentées sont... des adaptations de romans. Prenant la parole tour à tour - parfois en duo quand l'enthousiasme a été aussi fort pour l'un et l'autre, Jacques et Corinne font part de leurs derniers bonheurs de lecture - avec chaleur, et une indéniable force de conviction...
    Le premier ouvrage à avoir l'honneur des noires ondes est l'album qu'Olivier Berlion a tiré du roman de Tonino Benacquista La Commedia des ratés (Dargaud). Selon Jacques, le trait d'Olivier Berlion dépasse en qualité ce qu'il était dans Le Kid de l'Oklahoma (album qu'il avait réalisé à partir du roman éponyme d'Elmore Leonard) - il parvient ainsi à restituer non pas l'Italie mais "l'italianité". Et Jacques de ne plus tarir d'éloges sur le dessin : des aquarelles réalistes très attachées aux détails, avec beaucoup de gros plans, notamment sur les visages, particulièrement expressifs. C'est un tome 1, il faudra donc attendre la suite, prévue pour le mois de septembre.
    Corinne enchaîne avec La Princesse du sang, adapté d'un roman que Jean-Patrick Manchette a laissé inachevé par Doug Headline (le fils du romancier), dessiné par Max Cabanes(Dupuis). Il s'agit du second tome, qui comble enfin l’attente qu'avait engendrée une première partie déjà fort apprécié par les Noir'rôdiens. Corinne souligne entre autres attraits les "effets de caméra" du dessinateur, sa façon de mettre en cases, et les "paysages somptueux" qu'il a imaginés pour accueillir les personnages de Jean-Patrick Manchette.
    Vient ensuite, commenté par Jacques, une adaptation de Scarface - ce roman d'Armitage Trail moins connu pour lui-même que pour les deux adaptations cinématographiques qu'en ont faites Howard Hawkes en 1932, puis Brian de Palma en 1983. Paru en 1929, le roman n'a été traduit en français qu'en 1992, aux éditions Rivages. La bande dessinée a été réalisée – texte et dessin - par Christian De Metter. Précision d'importance : le scénariste-dessinateur a adapté le roman, non pas les films qui, autant l'un que l'autre, s'écartent beaucoup de l'histoire originale. Jacques a surtout été sensible aux chromatismes dont use Christian De Metter, tout un jeu de nuances qui varient en fonction des ambiances et donnent une "véritable épaisseur" au personnage principal.
    Le dernier album mis en vedette est L'Organsation, paru chez Dargaud. Signé Darwyn Cooke, il est tiré d'une œuvre de Richard Stark et a été traduit par Doug Headline. Il correspond au roman paru en 1964 dans la "Série noire" sous le tire Peau neuve. Petit clin d'œil aux collectionneurs : Jacques précise que ce volume de la "Série noire" porte le numéro 854 – clin d'œil auquel nous nous sommes amusés à faire écho en illustrant cette dépêche.
    Quant aux romans, les Noir'rôdiens évoquent d'abord le dernier opus de Don Winslow, traduit par Freddy Michalski pour les éditions du Masque et publié sous le titre Savages. Un roman qui compte presque autant de chapitres que de pages et dont le premier est sans aucun doute le plus court de toute l'histoire du polar puisqu'il tient en un Fuck you déclencheur de l'intrigue... "Ça va aller à cent à l'heure", prévient Jacques. Le livre, pour être chroniqué par Jacques, est également défendu par Corinne qui a été, dit-elle, "bluffée par le style" et par "le texte au cordeau, où il n'y a pas un mot de trop". Les auditeurs apprennent en outre que le roman sera porté à l'écran par Oliver Stone, avec Don Winslow au scénario.
    L'émission s'achève avec Guerre sale, de Dominique Sylvain (éditions Viviane Hamy). Jacques et Corinne ont un peu tardé à présenter ce livre parce qu'ils espéraient bien avoir l'auteur en personne au bout du fil, sinon dans leur studio. Or celle-ci vit actuellement au Japon et se déplace beaucoup en Asie... Ils ont donc dû se résoudre à procéder sans elle. Nul doute cependant qu'elle sera touchée de ce qui aura été dit de son roman – par exemple ceci, de la part de Corinne : "Dominique Sylvain réussit un joli tour de force, en dosant subtilement la gravité des faits, l'horreur des meurtres, et un humour déjanté, corrosif, qui passe étonnamment bien par les dialogues."
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Vignes mystérieuses

Alors qu'il sort du repas familial et obligatoire, Antonio Polisinelli tombe sur Dario, un copain d'enfance perdu de vue depuis des lustres. Mais il n'y a pas de hasard dans cette rencontre inopinée : Dario attendait Antonio pour lui faire écrire une lettre, car il ne se sent pas assez intelligent pour la rédiger lui-même, et il attend qu'elle soit rédigée sur le champ ! Curieuse proposition, surtout après tout ce temps, mais devant l'insistance de Dario, Antonio accepte. Le contenu de ce qu'il doit coucher sur le papier est lui aussi assez étrange et confus, et tout ce qu'Antonio retient, c'est que le destinataire est une femme, Raphaëlle, et que Dario devait lui rembourser une forte somme d'argent. Les deux hommes se quittent sitôt la rédaction de la lettre... et c'est la dernière fois qu'ils se voient. Peu de temps après, Antonio apprend que Dario a été tué d'une balle en pleine tête... et que par testament, il a fait de son copain d'enfance l'héritier de quatre hectares de vignes en Italie. Antonio va retourner au pays pour tenter d'y voir plus clair.

Après sa version du roman d'Elmore Leonard, Le Kid de l'Oklahoma, pour la collection Rivages/Casterman/noir, Berlion reste dans l'adaptation littéraire avec La Commedia des ratés, la dernière des trois "Série noire" de Tonino Benacquista, récompensée en 1991 d'un Trophée 813, du Prix Mystère de la Critique et du Grand Prix de littérature policière. Le dessinateur s'attaque donc à un monument du polar.... Côté texte, on retrouve les mots de Benacquista, le plus souvent tels que dans le roman, et surtout, l'univers de l'écrivain, qui a fait toute confiance à son adaptateur pour traduire en images cette Italie chère à son cœur. Et Berlion restitue parfaitement, avec des couleurs chaleureuses et lourdes à la fois, l'atmosphère d'une région où les femmes sont solaires... et où le soleil tape sur les oliviers comme sur le système. Cet album dit également bien la douleur de l'exil et les scènes avec le père du héros sont très parlantes, un père pour lequel les scènes du passé sont évoquées en ton pastel, sépia, comme une douceur oubliée. Cette première partie est donc une vraie réussite, on pourra juste regretter que l'album ait été coupé en deux, mais c'était certainement le prix à payer pour une histoire qui au final frôlera les cent cinquante planches...

Citation

Maïs, pissenlit, menthe... C'est comme si je lui avais parlé de cyanure. Aucune italienne au monde ne mélangerait une horreur pareille.

Rédacteur: Frédéric Prilleux mardi 20 novembre 2012
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