Un traître à notre goût

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Livre sonore - Policier

Un traître à notre goût

Mafia - Corruption - Finance MAJ mardi 24 janvier 2012

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 23 €

John Le Carré
Our Kind of Traitor - 2010
Didier Weill (lecteur)
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Isabelle Perrin
Paris : Audiolib, septembre 2011
12 p. ;
ISBN 9782356414052

Actualités

  • 20/04 Édition: Parutions de la semaine - 20 avril
    Les villes noires sont plus particulièrement à l'honneur en une semaine où les parutions débarquent en nombre. Que ce soit avec Asphalte ou "Folio policier", vous pourrez (re)découvrir Delhi, Paris, Los Angeles et Londres. Et le voyage sera nécessaire tant le choix proposé ne semble pas, au premier abord, haletant. Les éditions Ex æquo nous proposent toute une salve de romans policiers et de thrillers dans leur collection "Rouge", des petites maisons d'édition inconnues nous offrent des romans d'auteurs tout aussi inconnus (et la curiosité me direz-vous ?). En cette période étrange, il importe aussi de trouver du "rassurant". Hormis Larry Beinhart et John Le Carré, vous n'en trouverez pas (il y a bien Arthur Conan Doyle et Maurice Leblanc dans une collection bilingue français-anglais !). À k-libre, nous avons quand même lu et aimé un auteur autrichien, Paulus Hochgatterer. C'est un peu l'auteur qui dépare de cette accumulation de titres à venir...

    Grand format :
    La Mort en héritage, de David Max Benouel (Ex æquo, "Rouge")
    L'Homme au regard balte, de James Church (Calmann-Lévy, "Robert Pépin présente")
    Blood on the docks: detective story, de Bernard Coat L. (Ex æquo, "Rouge")
    La Nuit, de Lionel Davoust (Don Quichotte, "Léviathan")
    Delhi noir, collectif (Asphalte, "Noir")
    La Sève du mal, de Jean-Marc Dubois (Ex æquo, "Rouge")
    Nostalgie, quand tu nous tues, de Rodolphe Fontaine (Les 2 Encres, "Suspense")
    Le Club des apprentis criminels, de Audrey Françaix (Octobre)
    Et la lune saignait, de Jean-Claude Grivel (Ex æquo, "Rouge")
    La Douceur de la vie, de Paulus Hochgatterer (Quidam, "Noir")
    Un type bien, de Dean Ray Koontz (Jean-Claude Lattès)
    Le Lynx de Neva, de Valéry Le Bonnec (Morrigane)
    Les Anges de pierre, de Monique Le Dantec (Morrigane)
    Le Laboratoire du diable, de René Le Gal (Presses du Midi)
    L'Aventure du grand voyageur ou Un curieux exploit de Sherlock Holmes, de Yves Lignon (Œil du sphinx, "Le Serpent rouge")
    Massa, de Stéphane Loiseau (Durand-Peyrole)
    Destin en torche : journal intime d'une criminelle, de Maryse Maligne (Mineur-Airvey, "Thriller")
    Instinct primal, de Carol O'Connel (City, "Thriller")
    Top class killer, de Jon Osborne (Le Seuil, "Policier")
    Le Baptême de Billy Bean, de Roger Alan Skipper (Actes sud, "Actes noirs")
    L'Affaire Cirrus, de Jean-François Thiéry (Ex æquo, "Rouge")

    Poche :
    L'Évangile du billet vert, de Larry Beinhart (Folio, "Policier")
    La Surprise du chef, de Anthony Bourdain (Folio, "Policier")
    Dernier cri avant l'oubli, de Kate Brady (J'ai lu, "Frissons")
    Les Enquêtes du croque-mort, de Tim Cockey (Pointdeux, "Pointdeux")
    Chasse à courre, de Claude Depyl (Papier libre, "Polar en poche")
    Progressez en anglais grâce à... Sherlock Holmes, d'Arthur Conan Doyle (J.-P. Vasseur, "Progressez en anglais grâce à...")
    Secrets en série, de Laura Griffin (J'ai lu, "Frissons")
    Un traître à notre goût, de John Le Carré (Points)
    Progressez en anglais grâce à... Arsène Lupin, de Maurice Leblanc (J.-P. Vasseur, "Progressez en anglais grâce à...")
    Tue ton patron. Saison 2, de Jean-Pierre Levaray (Libertalia)
    Londres noir, collectif (Folio, "Policier")
    Los Angeles noir, collectif (Folio, "Policier")
    L'Agonie du jour, de Carine Marret (Baie des Anges, "Noir Méditerranée")
    Double meurtre à Rouen, de Patrick Morel (Ravet-Anceau, "Polars en Nord")
    Amiens sous les balles, de Johann Moulin (Ravet-Anceau, "Polars en Nord")
    Paris noir, collectif (Folio, "Policier")
    L'Assassin des deux rives, de Claude Peitz (Le Verger, "Les Enquêtes rhénanes")
    Le Blues de l'équarisseur, de Serge Vacher (Après la lune, "Lunes blafardes")
    Igla S., de Gérard de Villiers (Gérard de Villiers, "SAS")
    Roubaix 70's : itinéraire d'un flic ordinaire, de Luc Watteau (Ravet-Anceau, "Polars en Nord")
    Liens : Londres Noir |Los Angeles Noir |La Douceur de la vie |Paris Noir |La Surprise du chef |Le Club des apprentis criminels |Bernard Coat L. |Arthur Conan Doyle |Paulus Hochgatterer |Valéry Le Bonnec |John Le Carré |Maurice Leblanc |Cathi Unsworth |Denise Hamilton |Carine Marret |Johann Moulin |Serge Vacher |Anthony Bourdain |Rodolphe Fontaine |Audrey Françaix

  • 17/02 Édition: Parutions de la semaine - 17 février
  • 08/04 Édition: Parutions de la semaine - 8 avril
Extrait audio :


Un écrivain au Carré

Antigua, aux Caraïbes. Perry, trente ans, professeur de littérature à Oxford, est un athlète accompli mais tiraillé par des doutes, sincères ou non, quant à son avenir : il songe ainsi à renoncer à Oxford, dont il vient de refuser un poste permanent. Gail, sa petite amie, espère bien qu'il n'en fera rien. Pour l'heure, ils jouent un double sur le central huppé de l'île. Qu'ils gagnent. Grâce à Perry surtout. Un quinquagénaire russe, Dima, qui vient de le voir jouer, exprime le désir autoritaire de lui disputer un match. Perry accepte. L'homme fascine, de vulgarité. Bling-bling jusqu'au bout des ongles, exhibant une quincaillerie du plus extraordinaire mauvais goût. Un être brutal en outre, tout le contraire de Perry en somme, sorti tout droit de la Russie post-soviétique gangrenée par cette mafia singulière des "Vory", anciens détenus de la Kolyma qui ont conservé de leurs années de bagne la hargne de vivre contre le reste du monde, à commencer par leurs compagnons de détention.

On le voit : c'est notre histoire, veule, avilie, que John Le Carré s'apprête à nous conter, celle de Présidents grossiers élus pour servir des classes fortunées qui leur font boire la coupe de leur indécence jusqu'à la lie. Un monde sorti des clameurs du mur de Berlin abattu dans une nuit de liesse, aussitôt prostituées à la domination d'un capitalisme financier livré sans vergogne à lui-même pour nager dans les eaux troubles de la corruption des banques et du blanchiment de l'argent des sales guerres menées depuis au nom d'une prétendue défense de la démocratie.

Piégés, Perry et Gail. Piégés par ce maffieux rustre et brutal. C'est du moins ce que l'on peut croire à la fin du premier chapitre, que le suivant vient battre en brèche, semant le doute à propos de ce jeune couple trop bien élevé pour jouer les naïfs. On avance du coup à reculons, se confondant, lecteur, d'avoir peut-être été le jouet d'un art consommé de l'intrigue qui nous a fait prendre pour argent comptant l'étonnement de Perry dans le premier chapitre. Restitué habilement comme le point de vue de l'auteur quand il n'était que celui du personnage adroitement masqué pour nous entraîner d'emblée sur de fausses pistes.

Une manipulation en somme, dans un récit ne cessant de confondre la plume de l'auteur sous les points de vue des personnages, épousant les sales besognes des techniques d'interrogatoire des services secrets pour mieux se jouer de nous, lecteurs. Une écriture matoise, pour exhiber la pourriture des réseaux d'espionnage, la pourriture des milieux de la finance, la pourriture des milieux politiques, des médias, des intellectuels, de tout ce monde des élites, Perry en tête, universitaire de gauche si peu à gauche, interrogés sans fard dans les sous-sols d'une maison douteuse, à Londres, par des agents levant sous nos yeux effarés une trop bonne conscience pour être honnêtes à leur tour, jusqu'à ce que le piège se referme sur nous, toujours, nous seuls, lecteurs naïfs pas assez roués au demi-mot, dans ce roman construit selon une structure d'une intelligence folle, collant littéralement à son objet, l'espionnage, qui est le monde du mot soustrait, du récit estropié, des bribes dévoilant, toujours un temps trop tard, les mensonges du récit auquel on vient de souscrire et la duplicité non seulement de tous les personnages mais de l'auteur lui-même, qui ne cesse d'abuser de sa position pour nous tromper.

Quel écrivain que ce Le Carré ! Quel bouquin que ce roman, opus de toutes les trahisons ! Lu qui plus est par Didier Weill avec un rien de ce pincé british qui incline à quelque méchant rire. Cynique, sourdement. Une lecture sacrifiant au vulgaire des voix, comme ce mauvais accent russe adopté pour mieux nous fourvoyer à donner pareillement corps à la tromperie. Une lecture d'entourloupe, qui vous balade d'une inquiétude l'autre, pour vous faire le spectateur d'un monde indéchiffrable, littéralement !

NdR -2CD MP3 - 511 Mo + 545 Mo, 12 h 50 d'écoute.

Citation

La seule chose qui pourrait encore me retenir dans ce pays, c'est une putain de révolution...

Rédacteur: Joël Jégouzo jeudi 03 janvier 2013
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