Zen City

L'angle aigu de la lame du hachoir frappa le cou de Vauquelin à hauteur de la pomme d'Adam, y traçant un court sillon d'où jaillit un sang mousseux, plein de bulles, qui se mit à ruisseler comme un coulis sur le torse puissant couvert de boucles grises.
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mercredi 30 octobre

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Roman - Thriller

Zen City

Anticipation MAJ jeudi 05 février 2009

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18,5 €

Grégoire Hervier
Vauvert : Au diable vauvert, janvier 2009
348 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-84626-176-0

Big Brother is watching you

Grégoire Hervier donne à lire le journal intime (en grande partie sous la forme d'un blog) de Dominique Dubois, statisticien "moyen" en quête de l'âme sœur, licencié à cause d'une erreur d'envoi de... SMS, qui pose sa candidature pour participer au programme Global Life. Programme dont il ne sait rien. Après une batterie de tests décrits par le menu détail sur son blog, Dubois arrive dans une ville-monde, Zen-City, véritable pôle technologique au cœur des Pyrénées commence sa nouvelle vie de "chargé d'études marketing".

Le personnage y trouve rapidement ce qu'il pense être un paradis technologique : équipement hi-tech dernier cri omniprésent, réfrigérateur qui passe commande automatiquement si une denrée vient à manquer, poste-frontière à l'entrée de la ville, implantation d'une puce Rfid (Radio frequency identification) sous la peau de la main de chaque Zen (pour "Citizen"), PerfectPhone capable de donner des informations sur toutes les personnes qui entrent dans un périmètre de dix mètre autour de l'appareil, etc. Mais ce qui impressionne le plus Dubois est sans doute l'immense construction, la "Carafe", de près de 150 mètres de diamètre à sa base, qui rassemble tous les organes vitaux de Zen City : le Zen Marché, le Zen Shopping, le Zen Center, les quelques cinquante étages de bureaux "pour accueillir les cadres du monde entier", et les mystérieuses parties à accès réservé. Si nous donnons ici beaucoup de détails, c'est que toute la force de ce roman réside dans cette description fort complète d'un univers régi par la biométrie, la surveillance, le traçage des individus, ayant pour seule règle celle de répondre aux besoins des individus avant même qu'ils ne l'aient formulé. Anticiper. Mettre tout le monde sous la coupe de la technologie pour éradiquer tout débordement, tout disfonctionnement et, bientôt, tout libre arbitre. C'est le meurtre d'une collègue du personnage qui va faire éclater la bulle de perfection de Zen City.

L'intrigue alterne épisodes de vie personnelle – échecs amoureux notamment, décrits sur un ton humoristique qui tombe généralement à plat – avec réflexions sur l'engrenage des crédits, la nouvelle vie prépayée illimitée, les coaches en tous genres, etc. L'idée de départ est bonne. On s'aperçoit en effet qu'au final, tous les éléments décrits par Hervier ne nous sont pas étrangers, ils font déjà partie de notre quotidien et leur logique est simplement ici poussée jusqu'au bout pour servir le roman (puces Rfid greffées sous la peau). Mais un téléphone portable, constamment, lui aussi, "greffé" à notre main en est-il vraiment loin ? Il en va de même pour les titres de transport et autres GPS qui nous rendent aussi aisément traçables qu'un habitant de Zen City.

Cependant, le roman accumule les péripéties sans qu'aucune ne soit vraiment bien amenée et bien exploitée pour l'ensemble. Sans revenir sur les épisodes à intérêt très limité de Dubois et des personnages féminins, certains autres semblent tout droit sortis d'un mauvais téléfilm, comme celui de la révélation de l'identité de sa fiancée, celui de leur "bagarre, l'accident de 4 X 4 ou encore l'intrusion dans la partie à accès réservée, tous plus invraisemblables les uns que les autres. À force de vouloir glisser tous les registres dans un même roman – espionnage, action, comédie romantique, policier, etc. –, l'auteur dilue son propos et égare le lecteur. Le choix de la forme blog va également dans ce sens : on se demande encore quelle est l'utilité des commentaires des internautes après chaque billet, mise à part celle de la meilleure imitation du style phonétique "sms". Le fait que Dubois tienne un blog est sans doute un clin d'œil au journal de Winston Smith dans 1984, mais les commentaires auraient pu nous être épargnés. Pour finir, je saluerai tout de même le fait que ce soit le branchement d'un ampli de guitare électrique de 1961 qui constitue le "grain de sable dans le rouage" de la machine de Zen City…


On en parle : L'Ours polar n°49

Nominations :
Prix des lecteurs de Villeneuve lez Avignon 2009

Citation

Ah la liberté ! C'était une bien belle idée... Hélas, cela fait bien longtemps qu'elle ne fait plus recette. Sécurité, consommation, communication, d'accord ! Liberté... Mais les modes évoluent, ça reviendra peut-être, qui sait ?

Rédacteur: Estelle Durand lundi 19 janvier 2009
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