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Les Grandes affaires d'espionnage de France
Grand format
Inédit
Tout public
382 p. ; illustrations en couleur ; 25 x 17 cm
ISBN 978-2-8129-0611-4
Coll. "Histoire et documents"
Espions aux pattes de velours
Spécialiste des affaires criminelles normandes dont il a fourni plusieurs tomes pour la fameuse collection des éditions De Borée, Jean-François Miniac est aussi scénariste et dessinateur (en collaboration avec François Rivière pour ses adaptations BD d'Agatha Christie) et historien vulgarisateur. Il tient aussi, avec Main courante et police de caractère, un riche blog. Le voilà qui s'attèle à une gigantesque entreprise : détailler les plus grandes affaires d'espionnage françaises dans un recueil abondamment illustré, relié en hard-cover, dont le poids et les coins pointus pourraient engendrer efficacement son utilisation comme arme de crime. Une redoutable bibliographie détaillée affaire par affaire vient lester ce travail.
Pour l'iconographie, les grandes photos des protagonistes ont été remplacées par des portraits à la sanguine réalisés par l'auteur lui-même ! Jean-François Miniac a pris aussi des photos des lieux actuels. Heureusement, ces banales vues en couleurs d'immeubles sont "chargées" par leur légende historique. Il y a aussi des reproductions de vieilles cartes postales parfois antérieures aux faits. Toutes les affaires, sauf la première (Achard de Bonvouloir, espion de Louis XVI chez les Américains), concernent le XXe siècle. À part Mata Hari, la Cagoule, le piège de Caluire qui fit tomber Jean Moulin et l'Affaire du Rainbow Warrior, le bateau de Greenpeace coulé par un couple d'agents secrets en 1987, peu d'affaires surnagent dans notre mémoire. On lira donc avec profit les chapitres sur les relations étroites entre certains autonomistes bretons et les nazis, le périple de Madeleine Corabœuf, dite "Magda Fontanges", jeune journaliste exaltée qui passa dans les bras de Mussolini, avant de finir dans ceux d'Henri Lafont, le patron collabo de la milice de la Carlingue ; celui de Mathilde Carré dite "La Chatte" qui créa puis dénonça un réseau de résistance.
Mais ce sont surtout les relations avec les Soviétiques qui nourrissent le double, voire le triple jeu. Cela commence avec les Russes blancs réfugiés à Paris après l'accession au pouvoir des révolutionnaires bolcheviques. Le général Ievgueni Miller, à la tête des tsaristes réfugiés à Paris, est enlevé en 1937, comme le fut son prédécesseur le général Koutiepov en 1930. Drogué, il fut mis dans une malle et envoyé en Russie par cargo à partir du Havre avant d'être probablement exécuté. Avant le fatal rendez-vous, le général Miller avait eu l'intuition de laisser une note indiquant qu'il devait rencontrer le général Skobline. Ce bras-droit s'avéra être un agent double travaillant pour les "rouges". Beaucoup d'affaires d'espionnage téléguidées par l'URSS. En 1978, condamnation de Georges Beaufils qui a fourni pendant plus de dix ans des plans de défense de la zone Ouest et des biographies d'officiers et politiques français à l'Union Soviétique. En 1997, c'est l'ingénieur en génie atomique Francis Temperville qui tombe. Entretemps, Georges Pâques, haut fonctionnaire, est certainement la plus haute personnalité touchée. Il espionnait l'OTAN au profit des Russes.
Au final, avec les autres affaires (Carlos, Marcovic, French Connection etc.), le lecteur se retrouve devant des récits très lourds, truffés de noms, de sigles et dont le rythme trépidant couvre parfois plusieurs années. Mais quand on prend en considération le fait que l'espionnage est aussi le royaume du faux semblant, de l'identité multiple, des revirements, des batailles larvées, des mensonges et de la désinformation, on se dit que ces condensés ne sont que le reflet de leur ténébreuse réalité.
Citation
Le propre du renseignement extérieur est de violer les lois des autres pays pour obtenir des renseignements. Pas de se faire prendre la main dans le sac.