Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
576 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2226249678
Coll. "Romans français"
Actualités
- 06/09 Prix littéraire: Un polar décalé primé à Nancy (54)
- 13/11 Édition: Parutions de la semaine - 13 novembre
- 10/09 Festival: Table ronde polar au Livre sur la place (Nancy)
- 17/12 Librairie: Soleil Vert : sa sélection de Noël et ses horaires
- 16/11 Librairie: Millepages pour Pierre Lemaitre et Laurent Guillemot
- 30/10 Prix littéraire: Pierre Lemaitre est de la dernière sélection du Goncourt 2013
- 10/10 Prix littéraire: Fin de sélection pour Pierre Lemaitre
- 09/10 Prix littéraire: Première sélection du Prix des Libraires 2014
- 09/10 Prix littéraire: Deuxièmes listes du Renaudot 2013
- 09/10 Prix littéraire: Deuxième sélection du prix Jean Giono 2013
L'on n'arrive plus à séparer Pierre Lemaitre de Sorj Chalandon. Pierre Lemaitre est un habitué des romans noirs et thrillers qui, ici, sur fond d'exclusion des survivants de la Grande guerre propose une immense arnaque. Sorj Chalandon, lui, est un habitué des listes de prix automnaux. Nous en avions parlé pour son étonnant roman Retour à Killybegs, qui nous entrainait au cœur du conflit irlandais avec une thématique sombre et qui justifiait sa présence en notre site. Il revient avec un roman qui mêle guerre du Liban et l'Antigone, de Jean Anouilh. Ils se retrouvent dans la sélection de quatre ouvrages remarqués par les jurés du prix Jean Giono après avoir été sur la liste du Goncourt. Rappelons que le premier nommé, "transfuge" du polar diront certains, est également en lice pour le grand prix du roman de l'Académie française, le Renaudot et le Femina.
Sélection du prix Jean Giono 2013 :
- Le Quatrième mur, de Sorj Chalandon (Grasset) ;
- La Première pierre, de Pierre Jourde (Gallimard) ;
- Au revoir là-haut, de Pierre Lemaitre (Albin Michel) ;
- Arden, de Frédéric Verger (Gallimard).
Le prix Jean Giono sera décerné le 17 octobre.
Liens : Retour à Killybegs |Pierre Lemaitre
Comme un roman populaire
Un énième roman sur la Première Guerre mondiale. Certes. Après tout, qu'écrire qui ne l'a jamais été ? Erich Maria Remarque, Roland Dorgelès ou encore René Benjamin (pour ne citer qu'eux), ont placé la barre très haut. Au revoir là-haut raconte l'histoire d'hommes détruits par les tranchées, par ce qu'ils y ont vécu et par ce qu'ils y ont laissé : leur insouciance, leur jeunesse, une partie de leur corps et de leur vie. Des hommes qui ne se seraient jamais liés sans l'intervention d'un conflit mondial et de quelques tonnes de métal et de terre. Jusqu'ici rien que de très classique.
Et pourtant, Pierre Lemaitre parvient à se servir du conflit en abordant des aspects moins attendus de la Grande Guerre et des mois qui l'ont suivie : la démobilisation, la constitution des cimetières militaires et l'édification des monuments aux morts, les ravages psychologiques et les lendemains qui déchantent. Une toile de fond sinistre sur laquelle se greffe avec habilité une histoire qui se lit avec une facilité déconcertante. Les ingrédients du roman populaire, Pierre Lemaître les connaît. Les personnages tout d'abord. Henri d'Aulnay-Pradelle, le héros noir absolu, le monstre pour qui la vie des autres n'a d'importante que si elle sert ses propres intérêts. Officier carriériste donc, puis homme d'affaires peu scrupuleux, il est arrogant, prétentieux, misogyne et antisémite : "Dieu sait s'il n'aimait pas les juifs - chez les Aulnay-Pradelle, on était antidreyfusard depuis le Moyen Âge - mais leurs filles, vraiment, quelles divines salopes quand elles s'y mettaient." N'importe quel lecteur lui vouera une haine sans limite, voire éternelle. Et les (anti-)héros : Albert, jeune homme issu du peuple qui décide de prendre sous son aile maladroite Édouard, un artiste venu de la grande bourgeoisie. Il faut dire que ce dernier lui a sauvé la vie en y laissant son visage. Les deux hommes vont être unis par quelque chose qui n'est pas vraiment de l'amitié, ni même de l'amour mais plutôt un mélange de fraternité du drame et de gratitude. À la suite de ce trio, toute une galerie de personnages tels que Louise, la petite fille qui apprivoise Édouard, le maire qui rêve de placer une de ses fameuses phrases qu'il fait rouler dans sa bouche sans jamais avoir l'occasion de l'en sortir, le fonctionnaire qui se découvre un sens moral à toute épreuve sur le tard. Et Fernand, le père d'Édouard qui se découvre tardivement un amour pour cet enfant qu'il n'a jamais pris la peine de connaître.
Difficile de raconter l'histoire sans trop en dire. Disons simplement qu'il y est question de vengeance, d'arnaques nationales et de la misère des démobilisés. Pierre Lemaitre n'a pas la prétention d'avoir écrit un chef d'œuvre, mais un bon roman populaire. Nul doute que la promesse est tenue.
On en parle : La Tête en noir n°167
Récompenses :
Prix Goncourt 2013
Prix des libraires de Nancy - Le Point 2013
Nominations :
Prix du style 2013
Citation
Tout est beau même la bonne, une brune aux cheveux courts, rayonnante, mon Dieu, ces lèvres, ces yeux, tout est beau chez les riches, se dit Albert, même les pauvres.