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Maryline for ever
A priori, il s'agit d'un roman littéraire (il y a de belles phrases) avec un fil conducteur policier et c'est pour cette raison qu'il est chroniqué ici. Tout d'abord les personnages : Maryline, ex-top model ayant fait sa carrière aux States, est mariée à William Holloway, ex-vedette de rock et ex-junkie. Tous deux ont emménagé dans une grosse et ancienne villa fin XIXe perchée sur la Côte Sauvage d'une station balnéaire bâtarde entre La Baule (la plage de huit kilomètres, le commissariat), Batz (les marais salants, les rochers) et Pornic (le casino, le port, les criques) qu'ils ont transformée en chambres d'hôtes. Le personnel est constitué d'Annick, femme du cru, bourrue et battue par son homme dans "sa maison de hobbit" au cœur des marais salants. Il y a aussi Georgia, la grande ado du couple qui travaille pour la saison au syndicat d'initiative. Des clients belges indélicats ouvrent le bal avant d'être remplacés par deux Japonais. Une vague et vieille tante américaine occupe une autre chambre. L'ex-rocker au look prononcé ne fait visiblement rien de sa journée si ce n'est aller voir ses amis : un vieux fan transi et un bizarre antiquaire. Là-dessus, on découvre un cadavre de fille dans la crique juste sous la maison et un bel inspecteur débarque. C'est Simon, l'ami d'enfance avec lequel Maryline a découvert l'amour avant de partir aux States. Terrassé toujours par Cupidon, Simon mène l'enquête sur la mort de Elyne Folenfant (!). Maryline retombera-t-elle dans ses bras ? Suspense...
Un scénario harlequinesque au beurre salé auto-édité dans une coop de paludiers ? Non, il y a sans doute écriture et lecture au second degré. Sophie Bassignac joue entre Agatha Christie (pour le scénario à base de croisements de personnages) et Fred Vargas (pour les caractères lunaires). Tout est invraisemblable et hors du temps mais elle tient à sa petite trame policière et brode lentement son intrigue d'une manière efficace jusqu'à cette scène forte où notre Maryline se retrouve piégée par "l'assassin". On a lu cent mille fois cette scène sous la plume des auteurs de thriller mais là, elle évite le sadisme habituel du serial killer pour distiller, mine de rien, une certaine angoisse. Jouant sur les poncifs de la littérature de genre, elle tombe quand même dans le cliché lors de la scène d'amour fusionnel dans la crique. En fait, on comprend vite, en raison du style, que l'intrigue n'est qu'un prétexte et que l'auteur a choisi des stéréotypes pour donner libre court à son écriture fluide teintée d'humour. Des phrases courtes, des descriptions psychologiques amusées, des situations quotidiennes qui délirent doucement. Au final, voilà un roman bien dans l'air du temps à destination des bobos qui veulent lire gentiment en conservant toutefois leur petit esprit critique.
Citation
C'était aussi une époque, se dit Maryline, où filles et garçons ne s'aimaient pas beaucoup. On se regardait avec un vague mépris et les relations étaient douloureuses. Les parents étaient mutiques, les profs gifleurs, et on grandissait dans des survêtements hideux.