Cécile est morte

Ce soir, il se sentait inutile et fatigué. Découragé d'intervenir en bout de course, longtemps après que les dés aient été jetés, retournés sur des combinaisons perdantes. Fins logiques, attendues, inexorables. Il arrivait après la bataille. Pour ceux qui y avaient laissé leur peau, la vérité ne changeait rien. D'ailleurs, rien ne changeait.
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Roman - Policier

Cécile est morte

Social - Énigme MAJ samedi 08 août 2009

Note accordée au livre: 5 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 5,5 €

Georges Simenon
Paris : Folio, juin 2009
204 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-07-039957-4
Coll. "Policier", 557
Une enquête du commissaire Maigret, 68

Ce qu'il faut savoir sur la série

Le commissaire Jules Maigret, du fameux quai des Orfèvres, est apparu en 1931 dans Monsieur Gallet décédé, première immixtion d'un personnage qui traversera l'œuvre de Georges Simenon pendant quarante et une année. Jusqu'en 1972, date de la mise en retraite littéraire de son créateur et par là-même du commissaire qui se retire à Meung-sur-Loire avec sa bobonne de femme..
Marié à Louise, une Alsacienne, habitant au 130, boulevard Richard-Lenoir dans le XIe arrondissement de Paris, Maigret, la quarantaine, au physique imposant, au levé de coude professionnel et à la pipe remarquable, est un commissaire au discernement d'autant plus sûr qu'il se remet toujours en question. Maigret ne juge pas. Il observe, il comprend, il conclue. Le tout avec méthode. Quand vient l'heure de cuisiner un suspect, un coupable, il envoie un de ses fidèles lieutenants chercher des sandwiches au jambon et des bières à la brasserie d'en face car quand même il faut bien des munitions.

Simenon, c'est meilleur réchauffé !

Maigret, le commissaire, son boulevard Richard-Lenoir, sa pipe et sa femme, on a lu tout ça, il y a longtemps, et on se dit, sans doute un peu vite, qu'il y a autre chose à lire. On l'assimile un peu à Agatha Christie dans le rayon de la littérature policière à recette : vous prenez une bonne vieille radine retrouvée étranglée dans son lit de bonne heure, un matelas plein de billets auxquels l'assassin n'a pas touché, un immeuble verdâtre de banlieue parisienne, un peu de brume, un ciel plombé, un pavé bien luisant, une odeur de café et de croissants, trois cousins éloignés revendicatifs, un voisin indélicat au passé sombre et douteux, quelques demis au comptoir pour se remettre, et enfin une petite jeune fille, pas trop belle, pas trop maline, la plus innocente possible. Pour bien faire prendre le fond de sauce, vous tuez en premier la petite jeune fille, presque sous les yeux du commissaire, vous battez les regrets en neige de longues minutes, puis vous laissez mariner pendant que vous épluchez à part la vie de la vieille... etc.
Tous les grands cuisiniers vous le diront, on est loin de la recette au plat servi à table et Cécile est morte est un livre qui sait faire naître l'appétit de lecture. Il rappelle que l'œuvre de Simenon est truffée de décors, de personnages d'une justesse et d'une sincérité qui méritent largement une relecture attentive. Car si l'on appréciait, à la première jeune lecture, l'habileté du commissaire face à celle de l'assassin, on s'attarde aujourd'hui très facilement sur les restes englués d'un pied de porc dans la cuisine mal éclairée d'une concierge et on se dit, miraculeusement, qu'on n'a rien perdu au change.

Citation

Un jour que Mme Maigret regardait rêveusement son mari, elle avait soupiré soudain, avec une candeur presque comique :
- Je me demande comment tu n'as pas reçu plus de gifles dans ta vie...

Rédacteur: Olivier Nouvel samedi 01 août 2009
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