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Grand format
Réédition
Tout public
Préface de Michael Connelly
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean Esch
Paris : Calmann-Lévy, juin 2015
500 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-7021-5712-1
Coll. "L'Intégrale MC"
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Il y a des semaines où l'on recherche des nouveautés qui attirent l'œil, et puis on (re)découvre de petites perles classiques. C'est le cas cette semaine avec la réédition chez moisson rouge du fameux Psychose, de Robert Bloch. Bloch, encore un qui a été victime du cinéma et plus encore d'Alfred Hitchcock. Mais hormis cette publication, retrouver les enquêtes de Monsieur Lecoq en un seul volume chez Omnibus est tout aussi plaisant. Ceux qui peuvent reculer devant le nombre impressionnant de pages du volume iront peut-être se "réfugier" auprès de Chesterton avec son père Brown, dans un minuscule recueil au Livre de poche.
Pointdeux fait son apparition et pose déjà problème. Livre de poche ou pas livre de poche ? Cette nouvelle entité propose des livres de tout petit format qui se lisent dans l'autre sens. Imaginez un peu que vous avez un livre entre les mains. Vous l'ouvres, vous le mettez à plat sur une table. Eh bien vous lui faites faire une rotation de quarante-cinq degrés dans le sens des aiguilles d'une montre et là vous pouvez commencer votre lecture de haut en bas, d'une page l'autre. Au final, un texte écrit sur papier bible qui tient vraiment dans une poche, avec un dos cousu pour faciliter l'ouverture et un texte assez gros. Une idée comme celle-là, il fallait être pasteur hollandais pour l'imaginer ! Les premières parutions sont là. Des rééditions pour l'instant d'auteurs comme Mankell, Connelly et Jeff Lindsay. Mais l'éditeur nous a aussi promis des inédits. Patience !
Ceux plus traditionnels mais avides de contemporains pourront se reporter sur le nouveau roman de Craig Johnson, de Sire Cédric ou de Jean Vautrin. Mais le choix est vaste est varié, alors : "Vive les librairies !"
Grand format :
Dans les miroirs de Rosalie, de Jean-Baptiste Baronian (De Fallois)
Le Jeu des assassins, de David Max Benouel (Ex aequo, "Rouge")
Le Soldat perdu, de Luc Bergougnoux (Roure, "Policier")
Psychose, de Robert Bloch (Moisson rouge)
Suite rouge, de François Boulay (Télémaque, "Entaille")
Meurtre au cours de danse, de Roger Caporal (Glyphe)
L'Autre, de Thomas Chagnaud (Michel Lafon)
La Cassure, de Martina Cole (Fayard, "Noir")
Je ne me considère pas comme un monstre, de Philippe Conseil (Siloë)
Dérive arctique, de Clive Cussler & Dirk Cussler (Grasset)
Grimoire de sable, de Gilles Del Pappas & Anne-Marie Thomazeau (Déméter, "Noir")
Peur sur Lutèce, de Patrick Demory (Calleva)
Les Enquêtes de Monsieur Lecoq, d'Émile Gaboriau (Omnibus)
Les Milices de l'archange, de Gérard Guyon (Via romana, "Thriller")
Tête basse, de Gerri Hill (Dans l'engrenage, "Cambouis"
L'Indien blanc, de Craig Johnson (Gallmeister)
La Mort muette, de Volker Kutscher (Le Seuil, "Policier")
Le Diable dans la ville blanche, de Erik Larson (Le Cherche Midi, "Thriller")
L'Enfant aux cailloux, de Sophie Loubière (Fleuve noir, "Thriller")
Enquête à Denver, de Nora Roberts (Harlequin, "Mira")
Diamondhead : le missile de tous les dangers, de Patrick Robinson (L'Archipel)
Ta vie contre la mienne, de Lisa Scottoline (Le Toucan, "Toucan noir")
Opération Fleming, de Mitch Silver (Balland)
Le Jeu de l'ombre, de Sire Cédric (Le Pré aux Clercs)
Irréparable, de Karine Slaughter (Grasset)
Freedom TM, de Daniel Suarez (Fleuve noir, "Thriller")
Gataca, de Franck Thilliez (Fleuve noir, "Thriller")
Je ne suis pas un serial killer, de Dan Wells (Sonatine)
Poche :
Le Secret du père Brown et autres nouvelles, de Gilbert Keith (LGF, "Libretti")
Les Jeux sont faits, de Jodi Compton (LGF, "Thriller")
Le Poète, de Michael Connelly (Pointdeux)
L'Héritage, de John Grisham (Pocket, "Thriller")
Little Bird, de Craig Johnson (Gallmeister, "Totem")
Le Poisson mouillé, de Volker Kutscher (Points, "Policiers")
Tout est sous contrôle, de Hugh Laurie (Pointdeux)
Ce cher Dexter, de Jeff Lindsay (Pointdeux)
La Cinquième femme, de Henning Mankell (Pointdeux)
Faux et usage de faux, de Elvin Post (Points, "Thriller")
Les Courants fourbes du lac Tai, de Qiu Xiaolong (Points, "Policiers")
Après la mangrove, de François Robin (Orphie, "Policier outre-mer")
La Chambre des morts, de Franck Thilliez (Pocket, "Thriller")
Canicule, de Jean Vautrin (Rivages, "Noir")
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Le retour d'Edgar Poe
Autant le dire tout de suite : je ne suis pas friand, mais alors pas du tout friand des histoires de serial killer. Je ne les recherche pas. Je n'aime pas en général leur complaisance malsaine à l'égard de gens qui n'appartiennent plus à l'humanité ou qui font semblant d'y prétendre. Et puis, sur le plan littéraire, le motif du serial killer est bien trop souvent une sorte de truc narratif qui permet à un auteur paresseux de pousser tranquillement son inspiration jusqu'à la révélation finale.
Cependant, en présence du roman de Michaël Connelly, j'ai trouvé de quoi réviser mon jugement. De la complaisance à l'égard des tueurs en série ? Non, pas du tout. Une forme de paresse narrative ? Encore moins. Et on va voir pourquoi. Paru en 1996 aux États-Unis, puis en 1997 en France, Le Poète est le premier roman de Michaël Connelly. À l'époque, il est encore journaliste, mais c'est vers la littérature qu'il se sent appelé depuis son adolescence (à ce sujet, la préface de l'auteur offre des éclaircissements bienvenus). Ce vécu journalistique forme la matière première du Poète : Jack McEvoy, le héros du roman, est chroniqueur judiciaire au Rocky Moutain News ; bref, il s'occupe des faits divers. Sa vie bascule le jour où son frère Sean, inspecteur de police, est retrouvé suicidé dans sa voiture. Mais Jack ne croit pas une seconde à cette thèse, d'autant que Sean travaillait au même moment autour d'une sombre affaire qui le tenaillait, celle d'une femme retrouvée coupée en deux dans un jardin public, non loin d'une école primaire. Et puis, dans la voiture de Sean, tracé sur la buée du pare-brise, quelqu'un a laissé ce message : "Hors de l'espace, hors du temps", une citation tirée d'un poème d'Edgar Allan Poe.
À partir de ces quelques indices, et à la faveur d'une immersion dans le FBI pour les besoins d'un article, Jack va débusquer d'autres lièvres un brin mortifères : d'autres policiers suicidés, d'autre messages inspirés d'Edgar Poe, et aussi le recours à l'hypnose que le criminel semble bien connaître pour convaincre ses proies de se donner la mort. Un suspect ne tarde pas à émerger, un certain William Gladden, membre d'un réseau de pédophiles, personnage glaçant, enfermé dans sa psychose d'enfant violé et qui n'aura de cesse de tourmenter ceux qu'il croise sur son chemin.
Mais Gladden est-il vraiment le Poète ? Pourquoi chaque suicide de policier se trouve lié en même temps à des meurtres sadiques ? Comme les trains, un tueur peut en cacher un autre... Et qui manipule qui dans cette histoire ?
Si Le Poète est si réussi, c'est parce qu'il plonge tout à la fois et avec réalisme dans le quotidien d'un journaliste et dans celui du FBI. Pas d'effets de manche dans ce polar. Jack enquête pour sauver la mémoire de son frère et pour se sauver lui-même d'un métier qui le ronge. Tout cela est très humain, et loin, très loin de ces polars insipides où on accumule des meurtres pour faire plus de chapitres. Et puis, dans Le Poète, il y a le quotidien du FBI, toute une équipe composée d'individus qui ne sont peut-être pas non plus des oies blanches... Qui sait, le Poète ne se cache-t-il pas parmi eux ?
Pour ce premier roman de la série "Jack McEvoy" alors qu'il a déjà écrit quatre "Harry Bosch", Michaël Connelly avec ces cinq cents pages force l'admiration. Un style fluide, sans esbroufe, bien condensé comme une série de chroniques judiciaires. Bref, du grand art. Et en prime, une belle réflexion sur le métier de journaliste et les chausses-trappes de la vérité à tout prix.
À noter que cette réédition est le premier volume de l'intégrale de l'œuvre du maître parue chez Calmann-Lévy.
On en parle : 813 n°108
Citation
La mort, c'est mon truc. C'est grâce à elle que je gagne ma vie.