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Tout public
Bihorel : Krakoen, mars 2009
420 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-916330-35-8
Coll. "Forcément noir"
Actualités
- 08/03 Prix littéraire: Sélection 2009 de "La Plume de cristal"
La sélection du premier prix "La Plume de cristal" vient tout juste d'être dévoilée. Ce prix, remis en marge du Festival de film policier de Liège, d'une dotation de 2000 €, récompensera un des ouvrages suivants :
Monster, de Patrick Bauwen
La Chambre d'ambre, de Jérôme Bucy
La Troisième vague, de Paul Colize
La Lune dans le kenavo, de Michel Dréan
Pirates, de Bernard Dufourg
Miserere, de Jean-Christophe Grangé
Dame de carreau, d'Alexis Lecaye
Cinq leçons sur le crime et l'hystérie, de Patricia Parry
Le Dé d'Atanas, de Hervé Picart
L'Anneau de Moebius, de Franck Thilliez
C'est au cinéma Palace, le 18 avril prochain, que le prix sera décerné par le président Jean-Baptiste Baronian.
Liens : L'Anneau de Moebius |La Chambre d'ambre |Pirates |L'Arcamonde. 1, Le Dé d'Atanas |Patrick Bauwen |Jérôme Bucy |Paul Colize |Hervé Picart |Bernard Dufourg |Patricia Parry |Franck Thilliez |Jean-Baptiste Baronian
Une plongée dans les années de plomb
Vassili Skolovski, photographe de presse est en reportage à Bagdad. Un soir, il reçoit un appel : Pierre, son meilleur ami, lui-même photographe, a été abattu à Bruxelles et n'a eu que le temps de composer son numéro avant de mourir.
Anéanti, Vassili rejoint aussitôt la capitale belge. Il apprend que durant son trajet, les assassins de son ami ont été jusqu'à pénétrer dans l'Institut Médico-légal pour détrousser le cadavre.
N'ayant pas confiance en la police locale, Vassili décide de mener l'enquête, en commençant par dénicher ce que les meurtriers n'ont pas réussi à retrouver : une carte-mémoire d'appareil photo.
L'intrigue de ce roman est très efficace et habilement structurée. Parallèlement à l'enquête de Vassili, l'auteur nous livre, à intervalles réguliers, l'histoire d'un mystérieux escroc devenu hacker de génie, et surtout des chapitres où il nous retrace l'histoire des années de plomb belges, celle de ces mystérieux "Tueurs du Vendredi" qui ensanglantèrent le pays de 1982 à 1985 : chantage, meurtres, espionnage, terrorisme… tous les ingrédients sont réunis pour construire une intrigue solide et accrocheuse.
Démarche audacieuse qui consiste pour un auteur à partir d'un fait historique passé dans la mémoire collective, et d'y insérer une histoire fictive, mais avec suffisamment de talent pour que le doute s'insinue en nous et nous fasse hésiter sur la véracité ou non du propos. Mais Paul Colize n'est pas James Ellroy en ce sens qu'il annonce dès le départ que son histoire n'est qu'une fiction avec en arrière-plan, la réalité historique. Il ne nous livre donc pas la clé de cette énigme incroyable. Un passionnant dossier, signé Michel Leurquin, dans la deuxième partie du livre, nous retrace tout l'historique de ces années de plomb.
Passons maintenant au style : on le sait, rien de plus subjectif. Mais ce qui est appréciable, chez un romancier, c'est qu'il ait une démarche, un angle d'écriture revendiqué et qu'il le défende. Paul Colize n'écrit pas : il taille. Au sécateur, à la serpe. On le devine le petit doigt en survol perpétuel de la touche "suppr", à la recherche de la redondance, à l'affût de l'adjectif de trop, traquant l'adverbe malheureux.
Le résultat est une écriture sèche, acérée, nerveuse. Phrases courtes, saccadées, presque oppressantes.
Pourquoi pas ?
Après tout, Vassili mène une course contre la montre : il doit remettre des documents avant une date butoir, sous peine que des malfaiteurs s'en prennent à son fils. L'écriture épouse donc la course du personnage : sans temps morts ni pause clope.
On objectera qu'un tel parti-pris peut rebuter les adeptes d'une écriture langoureuse et serpentine. Et l'on souhaiterait presque à l'auteur qu'il s'accorde parfois le temps d'une phrase de plus de deux lignes, qu'il nous gratifie d'une métaphore un peu plus suave. Çà et là, quelques moments de tendresse, des fulgurances stylistiques donnent envie d'en lire davantage. Le temps de se réoxygéner avant une nouvelle plongée en apnée Mais il s'agit d'un choix d'écriture, sans compromis.
Très bon roman que cette Troisième vague. Un roman qui ne se cherche pas, qui s'assume et le fait fort bien.
Nominations :
La Plume de cristal 2009
Citation
La vérité a cette manie pernicieuse de toujours trouver la lumière.