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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du danois par Frédéric Fourreau
Arles : Actes Sud, janvier 2017
352 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-330-07258-2
Coll. "Actes Noirs"
Beaucoup de peines pour pas grand-chose
L'obligatoire prologue (tous les livres étant désormais "formatés") se situe à Stockholm en 2013 et montre la non moins habituelle découverte d'un cadavre de femme, grimé en "ange blanc", la cinquième d'une série. Les soixante-cinq autres chapitres se situent tantôt en Suède, tantôt à Copenhague, entre 2010 et 2013, avec un retour plus loin en arrière en 1979-80. Pour que le lecteur ait une chance de comprendre de quoi il s'agit, il faut distinguer trois intrigues fragmentées à plaisir et encastrées les unes dans les autres par petits morceaux, sans quoi ce serait trop simple pour figurer dans un polar nouvelle mode. Au Danemark, on part d'abord d'un certain Igor, minable voleur de voitures et joueur de poker russe vivant d'expédients et qui, pour s'acquitter d'une dette de jeu, vend sa copine Masja à un caïd du proxénétisme. D'autre part, il y a l'ancien marin et inspecteur Thomas Ravn Ravnsholdt (suspendu pour excès de zèle) qui vivait en couple avec Eva sur un vieux rafiot, jusqu'à ce qu'il la retrouve assassinée et sombre dans l'alcoolisme. Un patron de bar le recrute alors pour une mission : retrouver la fille de sa femme de ménage lituanienne, qui a disparu, une certaine Masja. En Suède, on a affaire à Bertil, chasseur passionné de taxidermie, son fils Eric, et ses copains. Lorsqu'il apprend que sa mère va les quitter avec son amant, le fils la tue d'un coup de seringue empoisonnée, après quoi le père égorge l'amant et ils s'entraident pour maquiller le crime et faire croire que c'est lui le coupable. Mais quiconque tenterait de reconstituer le puzzle à partir de ces éléments risquerait fort d'obtenir un résultat fort différent du livre, surtout que l'une des ces intrigues ne mène nulle part et figure uniquement à titre de fausse piste intentionnelle et qu'une partie d'une autre reste en suspens. Ce qui n'empêche pas la fin d'être terriblement convenue. L'auteur aurait donc pu s'épargner quelques peines et une centaine de pages. Il ne lésine pas non plus sur les scènes gore dans le genre sado (mais pas maso), car il faut faire bon poids pour vendre une pareille salade. Mais l'accumulation d'horreurs n'est pas forcément la meilleure recette pour faire peur au lecteur et la scène de meurtre suivie d'une chirurgie post mortem à la Frankenstein, par exemple, est plus écœurante qu'effrayante. La fragmentation de l'intrigue dans le temps (sur une trentaine d'années) et l'espace (deux pays et plusieurs lieux) la rend difficile à suivre et, quant au journal intime tenu par Masja, il est d'une totale invraisemblance, tellement il est soigné, dans un tel contexte et en pareilles circonstances. Encore une fois, le "toujours plus" aboutit à moins de lisibilité et d'intérêt de la part du lecteur. Ajoutons que la couverture occupe une place de choix dans le concours pourtant relevé de plus hideuse de la collection, mais la compétition est loin d'être close car, contrairement à ce qui se passe pour la beauté, il est toujours facile d'aller plus loin dans la laideur. Si le cœur vous en dit encore...
Citation
Tu savais que plus la masse corporelle est faible, plus le chlorure contenu dans mon mélange agit efficacement ?