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Le Musée des femmes assassinées
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Thierry Arson
Arles : Actes Sud, février 2021
402 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-330-14448-7
Coll. "Actes Noirs"
Esthétique de la disparition
À Los Angeles, le monde de l'art contemporain est en ébullition. Kim Lord, la médiatique et mystérieuse artiste, est attendue au Roque Museum pour le vernissage de sa nouvelle exposition, Natures Mortes, où elle incarne des femmes assassinées à L.A. dans des œuvres monumentales. Mais le jour dit, pas d'artiste... Coup de pub ou disparition ? L'artiste aurait-elle été victime du même sort que les sujets de ses toiles ? Alors que le doute commence à s'installer, Maggie Richter, qui travaille à la communication du musée, va devoir enquêter sur le destin de celle qui l'a remplacée auprès de son ancien compagnon, devenu principal suspect.
Familière du monde de l'art, Maria Hummel a travaillé pour le MOCA de Los Angeles et s'inspire largement de son expérience professionnelle pour son premier roman noir, faisant de Maggie Richter son presque double. Avec Le Musée des femmes assassinées (la traduction littérale du titre américain, Natures mortes aurait été bien meilleure), et son artiste ouvertement calquée sur Cindy Sherman, elle révèle la face sombre du milieu de l'art contemporain, où des sujets aussi morbides et malsains que des faits divers sanglants peuvent être célébrés comme des œuvres d'art glamour (une fétichisation qui remonte sans doute même plus loin que les portraits de condamnés à mort exposés par Andy Warhol), où la mort, celle des femmes en particulier, n'est qu'un sujet comme un autre, un prétexte esthétique. D'ailleurs, en se substituant aux victimes dans ses œuvres, l'artiste Kim Lord leur retire même leur identité, s'en empare pour ne plus en faire que des symboles. Une réflexion forte, qui sous-tend le roman, mais ne suffit hélas pas à le soutenir sur la durée. Car si Kim Lord, le personnage absent est fort et ambigu, Maggie, la narratrice, est pour sa part terriblement insipide, et avant qu'elle ne finisse, bien contre son gré, à enquêter sur la disparition de l'artiste, il nous faut endurer la terrible banalité de sa vie au musée. En attente de reconnaissance professionnelle dans un milieu de requins ambitieux prêts à tout pour se faire une place dans les projecteurs, elle est comme un lapin aveuglé par les phares, et Maria Hummel prend bien trop de temps à entrer dans le vif du sujet. Il en résulte que ce qui aurait pu être un vrai thriller haletant tout en faux semblants et en tromperies multiples (qu'est ce qui relève de l'art, qu'est ce qui est réel ?), est juste un roman agréable pétri de bonnes idées sur un milieu peu exploré par les auteurs de romans noirs.
Citation
Le Tueur des Femmes esseulées, le Rôdeur nocturne, le Dormeur macabre - on donne aux monstres de Los Angeles des surnoms très évocateurs. Dans le même temps, leurs victimes ressemblent à des mannequins. Il y ce vernis de glamour sur leur souffrance et leur humanité.