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Chronique
Jean-Louis Boussard, adjoint à la communication du laboratoire pharmaceutique Santaz, a en charge l'organisation du séminaire de sa société à Pataya, en Thaïlande. L'entreprise traverse un moment crucial : sur le point d'être rachetée par un grand groupe australien, elle s'apprête en même temps à lancer un nouveau médicament, le Zépam. En outre, le poste de directeur général est vacant, et d'aucuns pensent que le PDG va profiter du séminaire pour annoncer qui, parmi les cadres importants, l'obtiendra. Tout ce beau monde va se déchirer, dans un hôtel de luxe entre séminaire, piscines et virées à Pataya.
Le roman ainsi posé a d'évidentes accointances houellebecquiennes : l'entreprise comme rouleau compresseur de l'individu, le commerce du sexe en Thaïlande…
L'originalité de Chères toxines réside surtout dans son aspect documenté. L'auteur explique comment fonctionne l'industrie pharmaceutique, de la fabrication d'un médicament jusqu'à sa mise sur le marché. Les mécanismes à l'œuvre sont bien éloignés des préoccupations de santé publique et tiennent davantage compte des intérêts des actionnaires et actionnés en sous-main par le lobby de cette industrie. Pour chaque chapitre, on trouve en fin de volume les études qui ont permis à Jody d'étayer ses propos. À mi-chemin du documentaire et de la fiction, ce texte appartient à cette veine assez en vogue qui n'a rien pour nous déplaire.
Certains développements sur les déboires sentimentaux de tel personnage, ou sur l'œdipe mal réglé de tel autre auraient mérité d'être élagués car ils cassent parfois le rythme de ce roman très intéressant et assez effrayant, à l'intrigue bien menée.
Ne vous faites pas avoir par la moche couverture et par le titre pas très heureux. Seule question : oserez-vous encore, après lecture, prendre un seul médicament ?
On en parle : L'Ours polar n°45-46
Citation
À défaut de trouver les médicaments capables de guérir les grands maux du siècle, on inventait des maladies.