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Grand format
Inédit
Tout public
272 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-02-157698-6
Coll. "Cadre noir"
Vivre, parler, aimer, mourir au pays
Un petit village avec sa vie, ses rancœurs, ses luttes. Il reste encore quelques paysans pour lesquels il est parfois difficile de survivre sans avoir plus de terre, mais ils n'ont pas les moyens d'en acheter. Et le pharmacien les embête avec ses volontés d'écologiste. Dans le petit village, il y a un paysan qui maintient son travail avec sa femme et leur fille, la petite Marguerite. Cette dernière a peut-être quelques difficultés à l'école mais tout le monde se moque d'elle et même les instits ne font plus attention à elle. Pourtant Marguerite a une tante coiffeuse qui l'aime bien et qui reste très ennuyée car sa sœur, la maman, a été l'objet d'un inceste il y a bien des années et rien n'a été dit. Tout ça complique bien les relations familiales. De son côté, la fille du pharmacien, Marie, est au lycée. Elle est amoureuse d'un adulte, après avoir allumé un grand nombre d'adolescents du village. Parmi eux, un jeune pompier et le fils du garagiste qui essaie d'achever son CAP pour prendre la suite. Mais Marie est enceinte et le père n'a pas trop envie de s'encombrer d'une histoire. Et un soir, alors que Marie sort voir son amoureux, elle ne revient pas. On trouve son corps dans un coin perdu. Marguerite a peut-être vu passer une voiture durant la nuit. Cette mort ravive les tensions entre tous, provoque l'angoisse du pharmacien et de sa femme dont le couple vacillait et tanguait déjà beaucoup. La coiffeuse est revenue dans le coin car elle a elle aussi eu une déception amoureuse. Les gendarmes enquêtent mais entre les suspects potentiels, les jeunes coqs du village, les paysans taiseux qui détestaient le père pharmacien, tout est bien compliqué.
D'un côté, un récit sur le monde paysan, un monde entre pauvres et nouveaux riches venus habiter à la campagne, sur les petites écoles de village qui continuent tant bien que mal, sur la détresse des enfants (dont Marguerite chassée par tous), sur les haines cuites et recuites, mais aussi avec sa fête du village animée par les pompiers, le bar où tout le monde se retrouve, tout un monde qui était familier il y a encore cinquante ans un peu partout et qui subsiste encore sur des territoires de plus en plus rétrécis. Par delà, une histoire policière simple, une histoire de vengeance qui est en même temps une "revanche sociale", limpide, mais emplie de non-dits, de faux semblants, de choses cachées, dans un monde où se taire est une grande valeur (au cœur Marguerite qui ne parle pas mais est-ce par bêtise ou par intelligence rentrée ou parce que le monde est ainsi fait, l'auteure se garde bien de conclure). Surtout, aussi, une langue travaillée, un récit poétique (est-ce pour cela que le roman s'ouvre – presque - comme un poème très, trop, connu de Rimbaud ?), une attention aux détails de la vie, aux bruits et odeurs de la campagne, au parler des gens (des monologues lors des interrogatoires sont des moments très intenses). Il semblerait que Mathilde Beaussault a vécu dans un petit village breton et nul doute qu'elle a regardé avec attention, qu'elle a saisi (au sens photographique) le monde qu'il décrit pour nous le restituer de manière vivante, fraiche et prenante. Un premier roman qui annonce un début prometteur et des promesses déjà tenues.
Citation
Eh ben, les gens n'aiment pas qu'on regarde comme il regarde. Qu'on les prenne de haut. Demandez autour de vous, on vous le dira. Monsieur Legrand, on ne sait jamais ce qu'il pense, mais on n'a pas la moindre envie de le lui demander. C'est pas un gars du coin lui à la différence d'elle.