La Pouponnière d'Himmler

Ce fut raté. Le sel des années avait blindé la peau du voisin et celui-ci ne sortit jamais du droit chemin. Sa famille fut soulagée lorsque la mère de Concho dut vendre sa maison pour aller vivre avec son fils dans un taudis loué au pied de la colline, imprégné d'une odeur de chèvre et de crotte qui n'était autre que celui de l'échec.
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vendredi 31 janvier

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Roman - Noir

La Pouponnière d'Himmler

Psychologique - Huis-clos - Guerre MAJ samedi 04 janvier 2025

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21,5 €

Caroline De Mulder
Paris : Gallimard, mars 2024
286 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-07-303545-5
Coll. "Blanche"

Naître en temps de guerre

À l'intérieur du système nazi, il y a de nombreuses choses qui ont révulsé les gens. Parmi celles-ci, les lebensborn, sont peut-être les moins connus. Il ne s'agissait pas de bordels pour les SS afin d'y procréer avec des femmes sélectionnées la quintessence de la race aryenne, mais plutôt d'un endroit où les filles-mères de soldats allemands (éventuellement racialement pures) pouvaient donner naissance à de futurs bons éléments du Reich. Pourvus de médecins et d'infirmières spécialisés, dotés de quelques domestiques "empruntés" aux camps de concentration, dotée en nourriture suffisante, les lieux pouvaient aussi accueillir des bébés ou enfants dont on pensait qu'ils seraient de bons aryens, en les enlevant à leur famille d'origine. Dans le même ordre d'état d'esprit, les hauts dignitaires nazis acceptaient l'idée que certains pourraient avoir plusieurs épouses afin de procréer... Caroline De Mulder situe donc son intrigue dans un de ces centres (et au fil des avancées des armées alliées, ce sera même dans plusieurs endroits possibles) et autour de quelques personnages : un médecin qui essaie de faire au mieux, surtout embêté par un enfant que sa mère protège, mais dont il sent bien qu'il faudra l'euthanasier car il présente des tares incompatibles avec le système nazi ; Helga, une infirmière qui tient son journal, se posant parfois des questions sur son métier et la façon de l'exercer ; Renée, une Française tombée amoureuse d'un officier allemand qui l'a mise enceinte et laissée là pendant qu'il retournait au front ; Marek, un déporté qui fait office de jardinier et de factotum et qui a compris qu'en devenant transparent, il avait peut-être une chance de s'en sortir.

Nous allons donc suivre les derniers mois de la vie d'un Lebensborn, en nous intéressant à quelques uns des habitants du lieu. S'appuyant sur une documentation historique, sur des détails, le roman de Caroline De Mulder n'est pas stricto sensu un polar (même si l'auteure en a commis). Pourtant, l'évocation de l'intérieur de personnages qui doivent faire face à des choix moraux complexes, qui doivent fonctionner dans un monde où les notions de morale ont pris un sens différent s'apparente à la noirceur de notre monde et de la littérature. De plus, ils doivent le faire dans un monde qui s'écroule, au milieu d'une défaite impressionnante et d'une débâcle qui l'est tout autant. Pour lecteurs ouverts.

Citation

Sur une volée de marches menant à la demeure blanche, elles sont trois, qui pèlent des pommes de terre. Les plongent dans une grande bassine en fer remplie d'eau. Les épluchures tombent sur du papier journal. Deux des femmes, dont la grossesse est avancée, causent, petits éclats de voix tranchants, la troisième en robe à fleurs se tait.

Rédacteur: Laurent Greusard samedi 04 janvier 2025
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