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Les justicières dans la ville
Elles sont quatre, quatre femmes différentes, mais qui ont chacune de leur côté connu l'horreur. Kate Morrigane, la psychologue qui les a réunies dans un club de soutien aux victimes. Kate qui s'est retrouvée dans une ferme, traitée comme du bétail avec d'autres femmes enlevées, victime d'un tueur en série nommé Raphaël Matzar qu'elle a fini par tuer pour se libérer. Cheryl Laborde, qui à dix-neuf ans a été sa première disciple, avant qu'elle n'en repère deux autres. Farrah Duhamel, victime d'un mari maladivement jaloux au point d'en devenir brutal, et Tanya Flamant née Sannié, survivante d'un massacre dans les Pyrénées qui a fait beaucoup de bruit. Sous l'influence de Kate, elles ont décidé de rendre coup sur coup. Retrouver ceux qui ont échappé à la justice. Sauf qu'en dépit de leur pacte, Kate ne leur a pas tout dit. Dans cette ferme, lorsque Matzar a fait se battre entre elles ses prisonnières, Kate a bien été obligée de tuer en légitime défense une de ces soi-disant sœurs avant de fondre sur l'immonde ravisseur. Mais au fur et à mesure que leur croisade s'étend et que des tensions naissent dans leur groupe, il devient évident que si les autorités ne les ont pas repérées, quelqu'un d'autre l'a fait. Quelqu'un qui dispose d'une autre autorité. La vengeance appelle la vengeance...
Le récit dit d'auto-défense a fait florès dans les années 1970-1980, majoritairement cinématographique, limité à des Bronsonneries (Brian Garfield, l'auteur du roman Death Wish original — curieusement inédit — désavoua le film Un justicier dans la ville) plus ou moins nullardes (mais pas que, les vieux de la vieille se rappelleront du très bon Vigilante de William Lustig ou de L'Ange de le vengeance du débutant Abel Ferrara, étrillé par la critique qui bramera pourtant au génie quelques années plus tard) et taxées systématiquement de "facho", à tort ou à raison. Aujourd'hui, évolution de la société oblige, ce genre est devenu du dernier politiquement correct... sans avoir pour autant changé, avec le même mépris de l'autorité, juges forcément laxistes et police forcément incompétente ou complice. Cet opus de Cédric Sire commence dans la norme, avec l'éternel postulat que l'on peut commettre des meurtres assortis de tortures tout en restant une oie blanche. Mais ceux qui connaissent l'auteur, retrouvant son imparable sens de la narration, attendront forcément qu'il abatte ses cartes... On peut regretter que les méchants, si on évite une certaine complaisance douteuse envers les tueurs en série (un Top class killer, de Jon Osborne et de sinistre mémoire aussi nul que son titre ), soient chargés jusqu'à la caricature. Mais l'auteur attaque justement ce que la plupart évitent d'aborder : les conséquences de ces actes. Sur la psyché des protagonistes, sur les éventuels dommages collatéraux (voir comme le remake de Death Wish abordait le problème... pour l'oublier aussitôt) et surtout sur l'absurdité de vouloir qu'il y ait une vengeance "juste", celle de héros attitrés, et une vengeance non justifiée (cf. Taken 2, entre autres). En dire plus serait déflorer. On pourra cependant regretter quelques clichés — dans ce contexte, un mari idéal n'a que deux possibilités, soit de s'avérer être un salaud comme tous ces gens-là ou une victime expiatoire —, mais Cédric Sire a l'honnêteté et l'intelligence d'aller jusqu'au bout de son propos en une conclusion satisfaisante. Bref, on est très loin du "vengeance porn" qui en général n'assume même pas...
Citation
L'espace d'un instant, Kate ne put s'empêcher de se demander si cette fille attachée là était morte, et si oui, depuis combien de temps.