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Bret Easton Ellis, le privilège de la subversion


Grand format
Inédit
Tout public
136 p. ; 19 x 14 cm
ISBN 979-10-96098-84-2
La grande roue d'Ellis
Écrire un essai sur un auteur est toujours une gageure. Que privilégier ? Faut-il être chronologique ? Synthétique ? Développer des analyses de livres que l'on connait très bien pour en restituer la substantifique moelle à des lecteurs qui, parfois, ont peu fréquenté l'auteur en question ? Faire preuve d'empathie au risque d'être complaisant ? Adrien Durant s'attache donc à nous proposer une vision à la fois synthétique et personnelle d'un auteur assez particulier. En effet Ellis est un styliste particulier, avec des approches de ses personnages complexes, et parfois sa vie révèle autant de scandales que ses romans n'en provoquent. Installé en France sur un succès lié à un roman important autour d'un trader tueur en série qui semble ne pas trop s'inquiéter de sa passion criminelle vécue comme une autre forme aussi de son travail financier (et donc aussi une critique du capitalisme), Ellis a souvent essayé de retourner la vapeur et de provoquer - y compris autour du mythe de l'écrivain blanc détestant la décadence du monde, heureux de s'engoncer dans la peau de l'écrivain, cynique et snob, privilégié du monde américain.
L'auteur en tissant surtout un fil chronologique pour montrer comment peu à peu l'écrivain se révèle, se transforme, revient en arrière pour contribuer autant à installer une œuvre qu'un personnage médiatique (un peu à l'instar de Philippe Sollers, toutes proportions gardées, chez nous), avec un gout de l'esbroufe et une volonté de continuer la tradition américaine d'un récit proche du journalisme à l'américaine (celle d'un Truman Capote, qui lui aussi jouait au dandy cynique). L'ensemble de l'œuvre est évoqué, sans entrer dans les détails ce qui pourra sembler un peu léger à ceux qui ne connaissent pas et auraient aimé en savoir un peu plus pour se lancer dans la lecture, mais c'est un texte qui ouvre des pistes, lance des réflexions, propose des découvertes sans jamais imposer une vision, et surtout qui restitue un auteur dans toute sa complexité, sans cacher les éventuels faux pas ou "problèmes", pour constituer une bonne introduction à une œuvre particulière, certes, mais au minimum dégustable en médiathèque avant de devenir plus addict.
Citation
En vingt ans, Ellis était passé du statut de jeune coqueluche de la littérature américaine à celui d'une figure scandaleuse pas loin d'être ringardisée. Il est de retour au premier plan avec la sortie de Lunar Park, car celle-ci coïncide avec un changement sociétal et culturel marquant la décennie 2000 : le monde entier semble décidé à danser sur les cendres de la décennie 1990, caractérisée par une certaine morosité et austérité.

