Un pays sans chemin

Vous voir franchir cette porte, sachant que jamais plus vous ne déraperez, que jamais plus vous ne déraperez, que jamais plus vous ne serez enfermé ici, et penser que je suis ici un peu pour quelque chose dans votre réinsertion, vous ne pouvez pas imaginer quel plaisir c'est pour moi.
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Roman - Noir

Un pays sans chemin

Enlèvement - Rural - Prétoire MAJ mercredi 05 mars 2025

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 24,5 €

Éric Goffin
Rodez : Le Rouergue, mars 2025
510 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-8126-2667-8
Coll. "Noir"

De longues rancœurs

Cairn, petit village des Alpes de haute-Provence, est un endroit calme même s'il y a des sources de conflit potentiel. En haut du village, un peu à l'écart, une immense propriété, à l'abandon durant des années, est le lieu où vit le dernier héritier, rejeton d'une famille riche mais qui a rejeté sa famille et entretient, plus ou moins correctement, une communauté hippie où l'amour libre est l'objet de conversations dans ce monde reculé. Également un peu à l'écart du village, le docteur Ziegler, un homme vieillissant qui a entrepris de monter un dossier contre son ex-femme et qui est prêt à des manœuvres illégales de surveillance pour obtenir des informations. Il est aussi lié à certains habitants qui s'inquiètent de cette communauté hippie. À côté de lui, sa gouvernante, Annette, qui regarde tout cela avec attention. Mais au village, deux personnes sont particulièrement surveillées - le gendarme Lecoq, qui surveille cette bande de drogués obsédés sexuels avec suspicion et une jeune femme divorcée qui essaie d'élever sa fille en travaillant dans un café. Tout va déraper avec l'enlèvement de la petite fille à la sortie du bar. Quelques heures plus tard, elle sera retrouvée violée et assassinée dans les bois autour du village. Tous les soupçons se porteront alors sur les hippies. Le gendarme et le docteur commenceront à décaler légèrement des témoignages de villageois afin de renforcer cette impression. Et l'arrivée de l'ex-mari, violent, contribuera à dérégler un climat déjà pesant.

Le roman d'Éric Goffin va suivre chronologiquement et de manière classique les différents protagonistes évoqués, en plusieurs étapes - une description fine et détaillée des acteurs et de leurs interactions, comme l'orage qui s'amoncelle sur les destinées, puis l'événement criminel, raconté sans voyeurisme, suivie de l'enquête qui n'arrive pas à cerner tous les éléments même si l'essentiel est entre les mains du lecteur, et enfin le procès avec de nombreuses péripéties et de nombreux aveux ou cris d'innocence qui laisseront planer le doute. Inspiré d'une histoire vraie, mais raconté de manière lente, prenante, laissant le temps de décrire les paysages, la complexité du monde concerné, les envolées plus joyeuses et la perversité de certains, détaillant la vie de certains personnages dans leurs contradictions et vilenies, ne prenant jamais partie mais glissant des indices pour que le lecteur puisse se faire une idée, le roman est noir et n'offre pas une conclusion policière nette à l'image de la vie : des faisceaux de présomption, les regards de chacun qui transforment la vérité en ce que chacun croit être la réalité. Le tout offre un roman profond et intelligent, jouant sur la psychologie de ses personnages, les décors et la vie villageoise rendue avec soin pour emporter la conviction du lecteur, conquis par l'intelligence du propos et le récit sans failles.

Citation

Tu sais que je commence à me rendre compte du rôle étrange que je joue dans toute cette histoire. Te souviens-tu de ma première lettre, dans laquelle je te disais que je jouais dans un film dont je ne savais pas s'il s'agissait d'une comédie, d'un drame ou d'une tragédie ? Je connais maintenant au moins le genre, et peut-être qu'Anne avait raison.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 05 mars 2025
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