Qu'un sang impur

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Roman - Noir

Qu'un sang impur

Social - Médical - Horreur-gore MAJ lundi 10 mars 2025

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Michaël Mention
Paris : Belfond, mars 2025
324 p. ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-7144-0461-9
Coll. "Noir"

Une si ordinaire apocalypse

Matt est un jeune homme, mariée à Clémence, et avec un jeune fils qu'il adore. Il a acheté un appartement dans un petit immeuble où vivent d'autres personnes qu'il trouve assez sympathiques - un couple de retraités dont la femme perd la tête, des descendants d'immigrés, musulmans, avec un fils qui a presque le même âge que son fils, un écrivain qui essaie de se reconvertir en un auteur pour adolescents, Chantal, une femme seule qui a tendance à croire les récits complotistes. Tout ce petit monde s'entend bien, mange ensemble et savoure la vie parisienne. Mais un jour survient un immense craquement qui submerge la ville. Un volcan lointain s'est réveillé. Les gouvernements du monde s'inquiètent car l'onde de choc aurait pu fragiliser la centrale nucléaire de Tchernobyl. À tout hasard, on se confine et se calfeutre, le temps de savoir exactement ce qui se passe. Mais il s'agira d'une fausse alerte vite relayée par une vraie terreur : la fracture a fait ressortir des glaciers un virus en sommeil et ce dernier va transformer une partie de la population en zombies cannibales. Ces derniers s'attaquent à tout ce qu'ils peuvent manger. Les habitants de l'immeuble vont s'unir pour se défendre, mais comment survivre les uns sur les autres, alors que des monstres trainent dans les rues et qu'il faut parfois sortir pour chercher un médicament indispensable ? Et sans compter que Clémence découvre l'infidélité de son Matt...

Le récit de Michaël Mention (où même les notions de cannibalisme reposent sur des notions "scientifiques") va évoquer les différents personnages, de manière éminemment crédibles. Comment vivre, comment s'entraider, comment accepter au quotidien minute après minute des différences que l'on tolérait ? L'auteur dépeint la chaleur qui devient lourde, les appartements qui doivent rester fermés pour éviter que les "monstres" n'entrent, les discussions autour d'une boîte de taboulé qu'il faut partager, les doutes et les tensions personnelles ou angoissantes (un geste tendre est vite interprété comme une attaque sexuelle). Et c'est sans parler de Chantal qui déroule des théories du complot régulièrement. Entre quelques scènes violentes et gore, très maîtrisées, Michaël Mention souligne surtout le quotidien, des personnages ordinaires coincés dans leurs peurs, leurs désirs, leurs lâchetés et essayant de faire face, comme ils peuvent, aux situations dans lesquelles ils sont plongés. Ils parviennent presque jusqu'à la fin à gérer les choses avant des scènes finales rudes. L'écriture est maitrisée de bout en bout, sans grande envolée héroïque ou flots de sang pour le flot de sang. Surnageant dans une fin du monde réduite à leur quartier - seuls quelques flashes d'information évoqueront le monde extérieur et ces détails ancreront encore le roman dans le quotidien. En s'emparant d'un sujet qui pouvait devenir casse-gueule, l'auteur le maintient dans un cadre serré, fort, angoissant pour les lecteurs, qui vivent ces flambées de violence au milieu des scènes plus banales. Une grande réussite.

Citation

Hallucination sans doute due à la fatigue. Sauf que l'image perdure, que les branches des arbres sont nues. Ici, là-bas, partout les trottoirs sont tapissés d'un puzzle jaune-brun et certains le constatent enfin, éberlués. Matt échange un regard avec Ange, tout aussi intrigué, quand tonne un vacarme surpuissant.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 10 mars 2025
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