Dernier cri

Roman - Thriller

Dernier cri

Retour dangereux sur l'enfance

Étienne Rozier est un ancien policier devenu une sorte de mercenaire qui travaille pour un groupe de lobbyiste. Son job consiste à surveiller, voire menacer tous ceux qui pourraient s'opposer aux décisions de ses clients par la peur ou le chantage. Entre deux missions, il s'occupe de la femme qu'il aime et de son fils adolescent un peu rebelle. Là, il doit se préparer pour une mission d'infiltration d'une ZAD. Mais il a demandé son week-end avant car il a retrouvé une amie du lycée dont il était amoureux, et même si le temps a passé, les deux personnes estiment qu'un petit écart érotique à Amsterdam pourrait leur faire du bien. Avec l'aide de son meilleur ami, il trouve un alibi : un salon de belles voitures qui se tient à Amsterdam. La jeune femme est devenue journaliste, un peu à la manière de Florence Aubenas (qui est d'ailleurs citée dans le livre). Elle revient d'une enquête dans les milieux du nettoyage de l'industrie textile à Elbeuf. Et elle pense qu'elle pourrait en tirer un scoop. Elle en parle à Rozier sans donner de détails. Et alors que ce dernier prend une douche, elle est étranglée sur le lit de leur chambre d'hôtel. Rozier pense qu'il ferait un coupable idéal, s'enfuit, se réfugie dans la ZAD et échange d'identité avec un zadiste afin de pouvoir aller à Elbeuf découvrir le scandale qu'allait déclencher son amie. Plusieurs pistes s'offrent à lui mais il est recherché et il n'a peut-être pas échangé d'identité avec la bonne personne...

Le roman d'Hervé Commère commence de manière très classique avec un personnage qui doit essayer de trouver le véritable coupable avant d'être arrêté, et c'est d'autant plus dur qu'il n'a pas forcément une aura d'innocence derrière lui. De plus, il doit composer avec sa famille qu'il a "trahie". Mais son passé lui permet d'enquêter de manière logique et crédible. À travers ce "héros" qui occupe l'essentiel de l'action, on va croiser des personnages secondaires intéressants - un émigré pakistanais et sa sœur venus chercher fortune dans l'Eldorado français, le travail ingrat des employés de nettoyage et leurs patrons peu honnêtes, d'autres patrons qui se veulent progressistes sur le papier. S'ajoute le problème personnel de Rozier qui doit revenir dans sa ville d'enfance et qui prend dans la figure la mort de son père des années plus tôt. L'intrigue est bien construite, les péripéties multiples mais crédibles et le tout fait du Dernier cri un roman noir de qualité qui confirme tout le bien que l'on peut penser d'Hervé Commère, un auteur assez classique mais extrêmement efficace.

Citation

C'est donc ce mois de novembre qu'avait choisi Anna pour commencer son immersion parmi les travailleurs invisibles. Avait-elle déterminé la saison ou bien ne s'agissait-il que d'un trou dans son calendrier ? Elle était arrivée un matin de ce mois gris dans cette ville ouvrière et pauvre en extrême lisière de la cité bourgeoise dont elle était originaire.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 25 mars 2025 partager : | |